À peine un citoyen sur cinq n'a pas l'internet chez lui, mais dans ce groupe, les personnes à faible revenu sont surreprésentées. Un handicap dans les relations avec les entreprises et les services publics.

Un peu plus de 78% des ménages canadiens naviguent sur l'internet à la maison, indiquent les plus récentes données de Statistique Canada (2010). Toutefois, cet accès est loin d'être uniforme. Si les ménages affichant les meilleurs revenus sont presque tous branchés (94%), ceux qui figurent dans le plus bas quartile le sont beaucoup moins. À peine 59% disposent d'une telle connexion.

On observe la même chose ici. À peine la moitié (51%) des Québécois qui doivent se débrouiller avec moins de 20 000$ par an sont des utilisateurs réguliers de l'internet, montre l'enquête NETendances 2011 du CEFRIO. La proportion s'accroît avec le revenu familial. À partir de 80 000$, presque tout le monde (92%) navigue régulièrement.

Autrement dit, moins le coût d'un ordinateur et d'un abonnement mensuel pèse sur le budget, moins il y a de raisons de s'en passer. Logique. Appels téléphoniques, télécopies, transactions, recherche et demande d'informations, obtention de formulaires... Le nombre d'activités de la vie courante qui ont migré en ligne est vertigineux.

Bien sûr, il y a encore moyen de se débrouiller autrement. Au téléphone et parfois même en personne, en commandant ou en allant chercher des documents en papier. Mais de plus en plus, le premier réflexe des services publics et des entreprises est numérique.

Certains refusent de se brancher parce qu'ils n'en voient pas l'intérêt ou l'utilité. Ceux-là vivent généralement bien avec leur décision. Pour les autres, c'est moins évident. Dans plus de 40% des cas, c'est le manque de compétences ou de moyens qui bloquent l'accès à l'internet. Disons les choses, comme elles sont: ce sont des facteurs d'exclusion.

Les spécialistes parlent de fracture numérique. En fait, c'est un véritable fossé. Ceux qui se trouvent du mauvais côté sont terriblement isolés. Si vous n'avez pas les moyens de vous payer un ordinateur, ou une connexion internet, que faites-vous quand votre fournisseur de téléphone se met à exiger 2$ par mois pour envoyer votre facture par la poste?

Options consommateurs a entrepris une grande recherche pour voir comment les pratiques des entreprises affectent la clientèle qui n'est pas branchée. Bonne idée, car le phénomène est largement ignoré.

On parle beaucoup des aînés, dont près de 60% ne sont pas branchés, mais il faut s'occuper de la population active. Difficile de se chercher un emploi quand on n'a pas accès au courriel ni au web. Ottawa finançait la formation et l'accès à internet dans plus de 1800 lieux communautaires. Le gouvernement Harper, considérant que le programme avait atteint ses objectifs, vient de l'abolir.

Mauvais calcul. Ne pas avoir les moyens de se brancher est plus handicapant que jamais. Il faut combler ce fossé.

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