Combien vaut Facebook? Le prix de départ fixé à 38$ l'action attribue une valeur de plus de 104 milliards US à l'entreprise. Le marché se chargera de ramener le titre à un prix à un niveau plus réaliste.

Le réseau social fait son entrée au Nasdaq ce matin, sous le symbole FB. Ce premier appel public à l'épargne est le deuxième en importance dans l'histoire américaine, après celui de Visa en 2008. Pas mal pour une entreprise fondée il y a huit ans.

L'arrivée en Bourse de Facebook est une aubaine pour les firmes qui l'ont orchestrée, pour leurs clients privilégiés qui ont eu accès aux actions avant tout le monde, et pour les investisseurs de la première heure. Il faudra voir si c'est un bon placement à long terme.

Près de 80% des 1250 investisseurs, analystes et négociateurs sondés récemment par Bloomberg estiment que le titre ne vaut même pas 35$. Les épargnants qui rêvent de posséder un petit morceau de l'entreprise culte devraient patienter quelques semaines, le temps que le cours redescende à un niveau moins fantasmatique.

La suite dépendra de la capacité de l'entreprise à réaliser son potentiel. Les comparaisons avec des émissions technos récentes, comme Groupon, Zynga ou même LinkedIn, sont tentantes mais d'une utilité limitée. Facebook est un modèle bien plus difficile à copier que Groupon, d'une tout autre envergure que Zynga et nettement plus populaire que LinkedIn. Il faut aussi se méfier des comparaisons avec Google, pour la raison opposée: malgré son attrait, FB n'a pas su se rendre indispensable comme l'as de la recherche.

Le défi sera de faire plus d'argent avec les quelque 900 000 000 membres actifs du réseau. La décision du constructeur automobile GM de ne plus y acheter de pub, et le recul des revenus et profits au premier trimestre montrent que rien n'est acquis.

Pour l'instant, FB profite du sentiment d'urgence des annonceurs, qui ne veulent pas rater le train des médias sociaux. Mais pour accroître ses revenus publicitaires, le site de réseautage devra faire la preuve de son efficacité, sans outrepasser la vie privée de ses membres.

La bataille se transportera bientôt sur le terrain des technologies mobiles. Près d'un demi-milliard d'abonnés se connectent déjà au réseau de cette façon. Un atout alors que les usages commerciaux des téléphones intelligents sont appelés à se multiplier. Reste à trouver comment tirer profit de la communauté sans la faire fuir. L'entreprise ne peut se limiter à la pub. Elle doit développer des façons de prélever sa part des transactions mobiles effectuées par ses utilisateurs.

«Nous ne créons pas des services pour faire de l'argent; nous faisons de l'argent pour pouvoir offrir de meilleurs services», clame le fondateur Mark Zuckerberg dans sa lettre aux actionnaires. On aimerait voir plus de dirigeants soucieux de bâtir ainsi pour le long terme. On verra si ces nobles idéaux résisteront à la pression des résultats trimestriels.

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