Accidents de la route, décrochage scolaire, sédentarité, on ne s'est jamais autant inquiété de «nos» jeunes. Sauf qu'on devrait aussi s'intéresser à ceux des pays moins favorisés. Les problèmes qui les accablent menacent le développement de ces régions.

Si le sort des enfants s'est beaucoup amélioré, leurs aînés n'ont pas la même chance. Alors que la mortalité infantile a reculé de plus de 80% en 50 ans, celle des adolescents a diminué de façon négligeable, montre une étude de 50 pays citée par The Lancet cette semaine. La revue médicale britannique et l'UNICEF ont uni leurs voix en faveur des jeunes de 10 à 19 ans, qui se trouvent à une période charnière de leur existence.

Ces 10-19 ans, que l'UNICEF considère comme des adolescents, sont actuellement 1,2 milliard sur la planète. Neuf sur 10 vivent dans un pays en développement. Et les épreuves qui les guettent n'ont aucune commune mesure avec celles que doivent affronter des jeunes des pays industrialisés.

La situation des filles est particulièrement consternante. Chez les 15-19 ans, près d'une sur quatre est mariée ou en couple (excluant la Chine). Ces unions pas toujours consenties entraînent souvent un abandon des études et des grossesses précoces. C'est ainsi que dans les pays les moins développés, 34% des femmes de 15 à 24 ans sont analphabètes (contre 25% des hommes) et que la principale cause de décès chez les jeunes Africaines est la maternité.

Dans plusieurs pays, dont la Gambie, la Sierra Leone et le Bangladesh, une proportion importante des adolescentes sont unies à des hommes au moins 10 ans plus vieux qu'elles. Un contexte qui les rend vulnérables à tous points de vue - y compris au VIH dans les régions où le virus est très répandu. En Afrique subsaharienne, beaucoup plus d'adolescentes (63%) que d'adolescents (37%) sont infectées.

Les garçons ont aussi leurs difficultés propres. Ils sont plus fréquemment victimes de violence et beaucoup plus souvent victimes d'homicide.

Ces statistiques atterrantes sont lourdes de conséquences pour cette génération comme pour les suivantes. Ces ados sont mal partis pour améliorer leur sort et celui de leurs enfants. Les progrès réalisés auprès des plus jeunes risquent d'être réduits à néant si on se désintéresse d'eux en vieillissant.

Les jeunes des pays développés ne doivent pas non plus être ignorés. Au moins 70% des décès prématurés chez les adultes sont liés à des comportements acquis ou renforcés durant l'adolescence, note The Lancet.

Le tabagisme, la consommation d'alcool et de drogues, les relations sexuelles non protégées, l'alimentation, l'activité physique, le comportement au volant sont autant de facteurs qui peuvent avoir des conséquences déterminantes sur la suite d'une vie. Et les effets limités (dans les meilleurs des cas) des campagnes de prévention montrent à quel point il reste du travail à faire dans ce domaine.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion