Le Dr Nicolas Duval, qui exploite une clinique de chirurgie orthopédique portant son nom, pourrait bientôt être radié durant un mois. Un rappel que la médecine privée non plus n'est pas infaillible.

Si le conseil de discipline du Collège des médecins applique les sanctions recommandées, le Dr Duval se verra imposer un mois de radiation pour négligence. Le chirurgien a opéré un patient de 48 ans au genou sans l'informer de la possibilité d'une tumeur osseuse, pourtant signalée dans le rapport de résonnance magnétique. Le cancer a été diagnostiqué seulement six mois plus tard par un autre médecin. Le patient n'a survécu que deux ans.

Des erreurs comme celles-là, on en voit aussi dans les hôpitaux. Mais le fait que le Dr Duval, dont la pratique privée est citée en exemple depuis des années, risque une radiation temporaire, remet les pendules à l'heure. À force de parler des avantages du privé (la rapidité, les lieux, l'accueil, etc.), on en oublie que payer une intervention de sa poche ne constitue pas une garantie absolue.

L'avocat Jean-Pierre Ménard, qui représente une grande partie des causes d'erreurs médicales au Québec, en témoigne: son cabinet reçoit de plus en plus d'appels de patients insatisfaits des services reçus au privé. Peut-être parce que de plus en plus de Québécois y ont recours? Raison de plus d'y voir.

Le patient ne peut pas assumer seul cette responsabilité. Il peut vérifier la légitimité de l'établissement, sa réputation et celle du médecin, mais il n'a pas les connaissances nécessaires pour dire si le centre médical spécialisé (CMS) auquel il s'apprête à confier sa hanche, ses yeux ou son nez utilise les bonnes procédures.

Or, des cas rapportés ces dernières années donnent à penser que des complications graves auraient pu être évitées si des cliniques privées avaient eu les mêmes pratiques et équipements que les hôpitaux. On pense aux décès de Micheline Charest et de Valérie Castonguay à la suite de chirurgies esthétiques, mais aussi à cette dame, vue à La Facture, dont la hanche a dû être réopérée à l'hôpital après un mois de souffrances.

Le Collège des médecins vient de publier des procédures pour les milieux extrahospitaliers, et enverra des tandems chirurgien-anesthésiologiste vérifier si les CMS respectent les règles de l'art. Ces mesures devraient aider à combler les lacunes des systèmes de permis et d'agrément actuels.

Il faudra cependant rester vigilant. Les clients du privé ne sont pas les seuls lésés lorsqu'ils sont mal soignés. Le système public aussi, puisque c'est lui qui ramasse les pots cassés. Les CMS, en effet, ne sont responsables du traitement des complications. On comprend qu'ils ne soient pas toujours en mesure de s'en occuper, surtout les urgences et les cas graves. Mais ce n'est pas au système public, financé par nos impôts, de payer pour leurs erreurs. Québec devrait leur envoyer la facture.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion