La zone euro a resserré les rangs de façon importante. Assez pour calmer ses créanciers? On en aura une idée dès cette semaine, en voyant les taux que l'Italie et l'Espagne devront consentir pour se refinancer.

L'Europe, qui s'est tant fait reprocher de manquer de détermination devant la crise des dettes souveraines, a renversé la vapeur. En une nuit, de jeudi à vendredi dernier, elle a corrigé des vices de conception du traité de Maastricht vieux de 20 ans. Désormais, l'équilibre budgétaire ne sera plus un voeu pieux. Les déficits excédant les limites permises déclencheront des sanctions quasi automatiques.

Toute l'Europe? Non. Outre-Manche, de redoutables insulaires résistent encore. La Grande-Bretagne ne veut pas qu'on touche à sa potion magique - son lucratif secteur de services financiers. Pour le soustraire à la nouvelle règlementation proposée, le premier ministre David Cameron a dû faire cavalier seul. Une décision prévisible de la part des Britanniques, qui n'ont jamais adopté l'euro. Mais le fait que les neuf autres membres de l'Union hors zone euro aient rallié l'accord accentue l'isolement de la Grande-Bretagne. Il faudra voir comment les institutions européennes, dont la Commission et la Cour de justice, interagiront avec le nouveau traité, et avec quelles conséquences pour la Grande-Bretagne.

Outre ces travaux de structure, on a renforcé le fonds d'urgence. Deux cents milliards d'euros supplémentaires seront confiés au FMI, et la création du Mécanisme européen de stabilité est devancée d'un an. Une réserve qui, cependant, ne sera sans doute pas suffisante si des poids lourds comme l'Italie ou l'Espagne se retrouvent au bord du gouffre. Mais plus que l'épaisseur de ce coussin, c'est l'absence de police d'assurance qui préoccupe les milieux financiers.

La Banque centrale européenne s'est empressée de saluer les nouvelles mesures vendredi. Pas au point, toutefois, de promettre de soutenir coûte que coûte les économies en difficulté. Cette absence de garanties prévisibles déçoit ceux qui veulent voir la BCE jouer un plus grand rôle.

L'Allemagne, on le sait, s'y est toujours opposée, non sans raison. Même avec ce nouveau traité, dont les mesures ne prendront d'ailleurs pas effet avant quelque temps, l'intégration fiscale est loin d'être complète. On a vu comment la monnaie commune a incité au surendettement. La BCE ne doit pas servir à perpétuer cette attitude irresponsable.

Il n'est toutefois pas exclu que la banque centrale doive intervenir davantage un jour. Jusqu'ici, l'Allemagne a réussi à imposer ses principes d'austérité et de discipline budgétaire. Mais si ces mesures ne suffisent pas à rassurer, et que des économies importantes comme l'Italie ou l'Espagne subissent des pressions intenables, c'est peut-être l'Allemagne, cette fois, qui devra mettre de l'eau dans son vin.

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