Les pays membres de la zone euro réunis aujourd'hui à Bruxelles réussiront-ils à convenir d'un plan vraiment efficace? Ou devront-ils se contenter, encore une fois, d'une solution temporaire?

Dans tous les cas, l'avenir s'annonce sombre dans la zone euro, où la Banque du Canada prévoit désormais une «brève récession». «La Banque suppose que la crise de la zone euro sera contenue, bien que cette hypothèse soit nettement entachée de risques à la baisse», note le communiqué d'hier. Traduction: on veut croire au scénario du moins pire, mais c'est de plus en plus difficile.

Nous voulons croire, nous aussi, que les 17 sont capables de surmonter leurs divergences et de trouver de véritables solutions à leur crise de la dette. Mais c'est de plus en plus difficile.

La Grèce, passe encore. Le problème, malgré sa persistance, peut être conscrit. Mais l'Italie, l'Espagne, le Portugal et l'Irlande par-dessus le marché? Ça fait beaucoup de dominos instables dans un jeu de cette taille. En l'absence de mécanismes de réponse automatique, il faut chaque fois s'entendre avant d'intervenir. Ce qui, jusqu'ici, n'a produit que des interventions limitées.

Le nouveau plan ira-t-il plus loin? Espérons-le. À défaut d'une vraie reprise, absente du radar pour l'instant, la zone euro a besoin de stabilité. Et pour ça, il ne faut pas seulement des munitions, comme les 1000 milliards d'euros qui pourraient renforcer le Fonds européen de stabilité financière, mais de la prévisibilité. Des dispositifs prêtant à croire que le prochain domino chancelant sera stabilisé rapidement, sans qu'il soit nécessaire de déclencher une énième crise.

L'ennui, c'est qu'au sommet d'aujourd'hui, comme aux précédents, les absents ont aussi voix au chapitre. Les résistances politiques avec lesquelles chacun des leaders doit composer dans son pays restreignent les marges de manoeuvre et empêchent d'aller aussi loin que nécessaire.

On a vu le fil du rasoir sur lequel marche la chancelière allemande, et les représailles auxquelles s'exposent les gouvernements forcés d'adopter des mesures d'austérité. Hier encore, en Italie, les négociations sur les retraites ont bien failli sonner le glas de la coalition du premier ministre Berlusconi.

Même la Grande-Bretagne, pourtant hors de l'euro, est sous pression. La majorité des députés viennent de rejeter l'idée d'un référendum sur l'appartenance à l'Union européenne, mais près de 80 conservateurs l'ont appuyée, une gifle cuisante pour le premier ministre Cameron.

Quels rôles joueront la Banque centrale européenne, le FMI et le Fonds européen de stabilité financière (FESF) dans la nouvelle stratégie? Ce n'est pas encore clair au moment d'écrire ces lignes. Souhaitons que le FESF ne devienne pas un acronyme de «Finalement, l'Euro Semble Fini», comme le suggérait l'économiste Stephen Pope dans son blogue sur le site de Forbes.

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