Une vingtaine de morts, plus de 1500 malades et des centaines de millions de dollars de pertes agricoles. C'est le bilan provisoire de la redoutable souche d'E. coli détectée en Allemagne. Des mesures auraient-elles pu être prises pour réduire le nombre de victimes? On ne le saura pas avant plusieurs mois. Toutefois, il est déjà évident qu'on aurait pu limiter les pertes économiques, au lieu de les aggraver.

Une vingtaine de morts, plus de 1500 malades et des centaines de millions de dollars de pertes agricoles. C'est le bilan provisoire de la redoutable souche d'E. coli détectée en Allemagne. Des mesures auraient-elles pu être prises pour réduire le nombre de victimes? On ne le saura pas avant plusieurs mois. Toutefois, il est déjà évident qu'on aurait pu limiter les pertes économiques, au lieu de les aggraver.

Pendant que les autorités hambourgeoises jetaient le blâme sur les concombres espagnols, leurs concitoyens continuaient à s'empoisonner à une source qui, aux dernières nouvelles, n'était toujours pas identifiée. Beau travail! Des Européens d'une dizaine de pays, peut-être même quelques Américains, ont été infectés par la bactérie jusqu'ici. Et malheureusement, il y en aura d'autres.

On aurait pu comprendre que les autorités allemandes tardent à mettre le doigt sur le bobo. La variété d'Escherichia coli en cause est une mutante extrêmement rare qui n'a jamais été impliquée dans une éclosion, a-t-on appris hier. Par contre, leur empressement à blâmer des cucurbitacées sans rapport avec cette histoire est difficilement justifiable.

Est-ce à cause de la virulence de l'éclosion? Les ravages, il faut le reconnaître, sont spectaculaires. La souche, hautement infectieuse et toxique, contient plusieurs gènes résistants aux antibiotiques. Alors que d'habitude, seulement 10% des cas d'E. coli entérohémorragiques entraînent une insuffisance rénale, environ le tiers des patients en sont affectés.

Sauf que ce n'est ni la première, ni la dernière toxi-infection à nous tomber sur la tomate. Dans les pays industrialisés, jusqu'à 30% de la population souffrirait chaque année de maladies d'origine alimentaire, estime l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les gouvernements vont devoir apprendre à composer avec. En améliorant la prévention, mais aussi en s'abstenant de crier au loup. Fabriquer un coupable pour donner l'impression qu'on contrôle la situation est non seulement irresponsable, mais dangereux.

Les secteurs maraîchers et les camionneurs espagnols perdent environ 300 millions de dollars par semaine à cause de cette histoire. Les ventes de concombres hollandais au voisin allemand en ont aussi pris un coup. Mais le pire reste à venir, si la Russie s'entête à refuser tous les fruits et légumes de l'Union européenne - elle en achète pour 5,5 milliards de dollars par an.

«L'OMS ne recommande aucune restriction au commerce en lien avec cette éclosion», a  pourtant rappelé l'agence dans son communiqué d'hier.

Que des consommateurs évitent certains produits lors de crises du genre, ou que les commerçants réduisent leurs commandes en prévision d'une telle réaction, c'est inévitable. Et généralement de courte durée. Mais que des gouvernements, pour se faire du capital politique ou par protectionnisme, ferment leurs frontières sans raison valable n'est absolument pas acceptable.

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