Les ondes émises par les téléphones sans fil sont possiblement cancérogènes, vient de conclure une agence de l'Organisation mondiale de la santé. Un avis assez préoccupant pour qu'on aille y voir de plus près.

Les ondes émises par les téléphones sans fil sont possiblement cancérogènes, vient de conclure une agence de l'Organisation mondiale de la santé. Un avis assez préoccupant pour qu'on aille y voir de plus près.

«Il pourrait y avoir un risque», souligne le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Cette conclusion qui a causé beaucoup d'émoi ne provient pas d'une nouvelle étude, mais de l'examen de centaines d'articles scientifiques. Ce n'est pas tant une mise en garde qu'un appel pressant à faire davantage de recherche sur le sujet.

«D'autres études seront nécessaires» est une conclusion fréquente dans les articles scientifiques. La recommandation, dans le cas du cellulaire, n'a toutefois rien d'une formule passe-partout. Au contraire, c'est le coeur même du problème: on manque de données reflétant l'usage réel du sans-fil. L'étude InterPhone a par exemple considéré tous les abonnés parlant 30 minutes par jour comme de gros utilisateurs. Pourtant, bien des gens passent beaucoup plus de temps vissés à leur portable. Le risque, s'il existe, serait peut-être plus facile à détecter chez ces vrais gros usagers.

Une partie du problème vient des difficultés à étudier le lien possible entre le sans-fil et les tumeurs cérébrales cancéreuses. La technologie a changé et son impact n'est pas simple à mesurer. Non seulement le cancer du cerveau met des années à se développer, mais il demeure assez rare. Recruter des participants, et se fier à leur mémoire n'est pas évident non plus. À quand des études reposant sur les données de facturation?

Le CIRC considère que les données probantes pour deux types de tumeurs (gliome et neurinome acoustique) sont limitées, et inadéquates pour les autres. Il n'y a donc pas matière à s'inquiéter pour l'instant. La catégorie 2B, dans laquelle l'agence a placé les champs électromagnétiques générés par le cellulaire, regroupe des dizaines de carcinogènes potentiels aussi communs que l'essence, le diesel et leurs gaz d'échappement, le plomb, la fumée d'un feu de foyer à l'intérieur d'une maison et la caféine.

Il y a toutefois matière à investiguer. Parce que beaucoup de gens, en l'absence de données rassurantes, demeurent préoccupés. Et, surtout, parce que le moyen de communication est de plus en plus répandu. On compte environ cinq milliards d'abonnements sans fil pour une population mondiale d'un peu moins de sept milliards d'habitants. Dans plusieurs régions où on n'a jamais eu les moyens d'implanter un réseau filaire, c'est le seul mode de téléphonie disponible. Même au Canada, où l'on est très bien desservi par les lignes traditionnelles, de plus en plus de gens n'utilisent que le cellulaire à la maison. En particulier les jeunes: la moitié des ménages de 18-34 ans en dépendent.

En attendant de nouvelles données, le Centre recommande de réduire son exposition, notamment avec les messages textes et les accessoires mains libres. Une précaution si facile à prendre qu'on aurait tort de s'en priver.

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