Le Dossier santé du Québec (DSQ), qu'on nous avait d'abord promis pour l'an dernier, ne sera pleinement fonctionnel avant trois ou cinq ans, reconnaît maintenant le ministre Yves Bolduc. La perspective est plus réaliste, mais le problème de fond demeure.  

Le Dossier santé du Québec (DSQ), qu'on nous avait d'abord promis pour l'an dernier, ne sera pleinement fonctionnel avant trois ou cinq ans, reconnaît maintenant le ministre Yves Bolduc. La perspective est plus réaliste, mais le problème de fond demeure.  

Ça ressemble à une mauvaise blague dont la question serait: combien faut-il de hauts fonctionnaires pour implanter un système de dossiers médicaux électroniques? Et la réponse: faut-il vraiment confier ça à des fonctionnaires?

Plus le temps avance (contrairement au DSQ...), plus on constate à quel point la décision de piloter ce projet d'en haut, de Québec, est une source de problèmes - délais, changements de direction, contrats douteux, etc. Trois rapports du vérificateur général, peut-être bientôt un quatrième, peuvent en témoigner.

Il est vrai qu'aucun réseau dans le monde n'offre toutes les fonctions promises par Québec à une population comparable. Le défi d'interconnecter les systèmes hétéroclites de labos, de cliniques, d'hôpitaux et de pharmacies est bien réel. L'ambitieuse vision de départ - rendre toutes les composantes du dossier d'un patient accessible sur un seul écran partout dans la province - n'était peut-être même pas réalisable dans les délais énoncés à l'origine.

Sauf qu'il aurait fallu s'en rendre compte dès le début. Et se demander s'il ne serait pas préférable de procéder autrement. Parce qu'on ne pouvait pas dire qu'on ne savait pas. C'est une évidence qu'un projet informatique gouvernemental de cette envergure présente un risque de complications extrêmement élevé. On en avait déjà maints exemples, auquel est venu s'ajouter le DSQ.

Que le ministre de la Santé se donne aujourd'hui une nouvelle marge de manoeuvre en nous disant qu'il ne faut pas s'attendre à voir ce dossier médical idéal disponible dans toutes les régions avant plusieurs années n'a rien d'étonnant, ni même de vraiment scandaleux. C'est la conséquence prévisible d'un projet mal enligné, et mal communiqué, dès le départ.  

Le retard qui doit nous préoccuper dans cette affaire n'est pas celui qu'on s'imagine avoir vis-à-vis d'autres pays. C'est celui qui nous prive des possibilités des technologies. Même dans des hôpitaux où les dossiers sont déjà informatisés, comme au CHUM ou au CHUS, les notes cliniques des médecins sont rédigées à la main avant d'être numérisées, rendant impossibles des fonctions aussi élémentaires que le repérage de mots clé. On peut comprendre qu'on procède ainsi dans un premier temps, mais quand passera-t-on à un modèle cohérent? Un réseau de la santé qui manque aussi cruellement de professionnels ne peut pas se permettre de considérer comme du luxe ou des gadgets des outils qui augmenteraient l'efficacité de chacun.

Il n'y a pas de dépassement de coûts, nous a-t-on répété cette semaine. Mais en aurons-nous pour notre argent sur le terrain une fois que tous les budgets auront été engagés par Québec? Nous sommes loin d'en être convaincus.

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