Les spectaculaires allégations de délit d'initiés portées cette semaine par la SEC ne vont pas aider à restaurer la confiance du public dans les marchés. Un administrateur réputé qui permet à un gros fonds spéculatif de faire des millions en lui filant des tuyaux obtenus aux conseils des multinationales où il siège? Le petit actionnaire se sent bien démuni devant de tels investisseurs.

Les spectaculaires allégations de délit d'initiés portées cette semaine par la SEC ne vont pas aider à restaurer la confiance du public dans les marchés. Un administrateur réputé qui permet à un gros fonds spéculatif de faire des millions en lui filant des tuyaux obtenus aux conseils des multinationales où il siège? Le petit actionnaire se sent bien démuni devant de tels investisseurs.

À trois reprises en 2008, l'administrateur de sociétés Rajat Gupta a divulgué des informations privilégiées sur Goldman Sachs au patron du fonds spéculatif Galleon, Raj Rajaratnam. Il lui a aussi communiqué un renseignement confidentiel sur Procter & Gamble l'année suivante. Galleon s'en est servi pour réaliser des gains et éviter des pertes considérables en Bourse -  plus de 18 millions de dollars.

C'est ce qu'affirme la Securities and Exchange Commission dans un document rendu public cette semaine. Ces allégations n'ont pas encore été prouvées et les deux principaux intéressés les rejettent en bloc. Impossible toutefois de les prendre à la légère puisqu'elles viennent se greffer à la gigantesque affaire de délit d'initiés dans laquelle le fondateur de Galleon se débat depuis près de 18 mois. Une enquête qui a permis d'enregistrer des centaines de conversations téléphoniques et a déjà convaincu 19 des 26 accusés de plaider coupable.

Le procès criminel du patron de Galleon doit commencer sous peu, mais on ignore si ses conversations avec Gupta, qui est seulement accusé d'infractions réglementaires, y seront évoquées.

La SEC n'a pas publié les transcriptions des échanges, mais le résumé qu'elle en fait donne la nausée. La téléconférence du conseil d'administration de Goldman était à peine terminée que Gupta s'empressait d'appeler Rajaratnam pour lui faire part d'informations qui seraient annoncées sous peu. Et pas n'importe lesquelles. Des événements déterminants comme la participation de 5 milliards prise par Warren Buffet, en septembre 2008, et la première perte trimestrielle de l'histoire de la firme, en octobre 2008.

Ce genre de primeur confère déjà un avantage indu en temps normal - ce n'est pas pour rien que les initiés n'ont pas le droit de s'en servir. Mais en pleine tourmente de l'automne 2008, alors que les boussoles s'affolent et que nul ne parvient à deviner la direction des marchés? C'est un peu comme être le seul cycliste d'élite à se présenter dopé à une course. Personne ne peut rivaliser contre ça. Surtout pas les petits investisseurs, quelle que soit la qualité de leur recherche.

Les délits d'initiés parasitent et faussent les fluctuations boursières normales. Leurs auteurs, qui ne prennent aucun risque, s'enrichissent au détriment des autres.

La SEC a évidemment bien fait d'intervenir. Mais ce qui se dira durant les procédures sera déterminant. Si le milieu financier tente de minimiser l'affaire et donne l'impression que le négoce d'informations privilégiées est une pratique courante entre hauts dirigeants, le public n'en ressortira aucunement rassuré, au contraire.

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