Comme on s'y attendait, la Banque du Canada a haussé ses taux d'un quart de point hier, pour une deuxième fois de suite. Prudemment, toutefois. Car même si elle demeure la seule banque centrale du G7 à pouvoir se permettre d'aller dans cette direction, l'institution entrevoit maintenant une reprise plus lente que prévu.    

Le Canada a beau avoir récupéré la quasi-totalité des emplois qu'il avait perdus, son économie n'a pas encore retrouvé sa forme d'avant la récession. Les entreprises tardent à investir, les consommateurs gardent la tête froide et la reprise mondiale «n'est pas encore autosuffisante», note la Banque. L'institution a donc revu ses prévisions de croissance à la baisse hier.

Elle s'attend maintenant à 3,5% (au lieu de 3,7%) cette année et 2,9% (au lieu de 3,1%) l'an prochain. Et à ce que l'économie retrouve son plein potentiel six mois plus tard que prévu, à la fin de 2011. Pas de fin du monde en 2012 cependant. Au contraire. L'institution entrevoit maintenant une croissance plus vigoureuse cette année-là, soit 2,2% au lieu de 1,9%.

Cela dit, elle a bien le temps de se raviser : les prévisions qu'elle vient de modifier dataient d'à peine trois mois. Il faut dire que la reprise changeante de type «deux pas en avant, un pas en arrière» que l'on observe aux États-Unis et en Europe n'aide pas à y voir clair. Exemple typique: les mises en chantier résidentielles américaines sont retombées hier à leur plus bas niveau depuis octobre. On peut aussi penser aux mesures d'austérité européennes. Elles réduisent les risques et favorisent une croissance durable à long terme, mais il faut également s'attendre à ce qu'elles ralentissent la reprise mondiale, rappelle la Banque.

Bref, la courbe de croissance qu'on serait si soulagés de voir pointer triomphalement vers le haut est encore bien tremblotante. L'institution dirigée par Mark Carney continue donc à jouer de prudence, et à peser ses mots. Le dernier paragraphe de son communiqué d'hier est un copié-collé du précédent, publié le 1er juin. «Toute nouvelle réduction du degré de détente monétaire devra être évaluée avec soin», répète la Banque. En français clair : on ne vous promet rien. Ne vous attendez à ce qu'on augmente les taux à chaque fois.

Si le passage du taux cible de financement à un jour à 1% est pour ainsi dire acquis, les avis sont partagés sur le niveau qu'il atteindra à la fin de l'année. La Banque a encore trois occasions de le rehausser d'ici là, la prochaine étant le 8 septembre.

Les consommateurs auraient sans doute préféré le statu quo mais à défaut, cette remontée en douceur est le meilleur scénario possible. Ceux qui doivent réduire leur endettement ont le temps de réagir, ceux qui prévoient des achats importants aussi. La prudence de la banque centrale servira leurs intérêts mieux que n'importe quel revirement spectaculaire.

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