Québec n'est pas seulement le premier État en Amérique du Nord à payer pour les traitements de procréation assistée. Il est l'un de ceux qui offrira l'accès le plus étendu au monde. Une largesse étonnante dans le contexte de nos finances publiques.

Québec n'est pas seulement le premier État en Amérique du Nord à payer pour les traitements de procréation assistée. Il est l'un de ceux qui offrira l'accès le plus étendu au monde. Une largesse étonnante dans le contexte de nos finances publiques.

La loi a été conçue de façon à n'exclure personne, nous a-t-on expliqué au ministère de la Santé. Toutes les femmes en âge de procréer qui sont incapables de concevoir sans l'aide des techniques de reproduction y auront accès. Ça inclut les couples infertiles, mais aussi les femmes seules ou homosexuelles, ainsi que celles qui sont à un âge où la fertilité naturelle diminue de beaucoup.

Pour le traitement le plus coûteux, la fameuse fertilisation in vitro (FIV), l'État couvrira trois cycles d'implantation. Et une femme qui a eu un enfant grâce à cette technique et en désire d'autres aura droit à de nouvelles séries de traitements.

Le Danemark, considéré comme une référence en Europe en termes d'accessibilité, couvre aussi trois cycles. Mais seulement pour un premier enfant, et à condition que la femme n'ait pas plus de 40 ans.

D'autres pays, dont la France, l'Allemagne, l'Italie et la Suisse, paient la note seulement pour les couples infertiles. Le Royaume-Uni ne couvre pas les femmes après 40 ans. Et plusieurs de ses groupes de soins primaires ajoutent des restrictions - certains ne couvrent que les femmes de 30 à 35 ans, d'autres refusent les couples dont un des parents a déjà un enfant.

Comme on le voit, il est possible d'offrir des traitements à ceux qui souffrent de réels problèmes d'infertilité, sans pour autant tenir un coûteux bar ouvert. Pourquoi ce gouvernement, qui peine à assumer la couverture des soins essentiels, tient-il tant à payer des services qui ne répondent pas à des problèmes médicaux, mais à des situations normales - pas de fécondation possible en l'absence de spermatozoïdes, baisse de fécondité avec l'âge?

Ce n'est pas parce qu'un service est couvert par le régime public qu'il doit être offert à toutes celles qui pourraient s'en prévaloir. La RAMQ ne paye pas de bande gastrique aux femmes qui veulent perdre 15 kg. Pourquoi paierait-il une insémination artificielle à celles dont l'absence de géniteur est le seul obstacle à la maternité?

Forcé de faire des coupes pour équilibrer son budget, le gouvernement danois veut arrêter de couvrir la procréation assistée à la fin de l'année. Une baisse de la demande est à prévoir - elle a chuté de moitié en Allemagne lorsque l'État a décidé de n'assumer que 50% des coûts. Les Danois s'inquiètent pour leur taux de natalité: ces traitements sont aujourd'hui responsables d'environ 8% de leurs naissances.

Le programme québécois fera sans doute augmenter la natalité. Mais quand donc avons-nous décidé de privilégier ces technologies pour régler nos problèmes de démographie? Et de prendre l'argent dans le réseau de la santé? Jamais. Ce débat-là n'a pas eu lieu. Et à en juger par les réactions, ce n'est pas l'idée du siècle.

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