Et voilà ! Plus de deux ans après son sommet historique de l'automne 2007, le huard recommence à flirter avec la parité. Il y a de l'effervescence dans l'air, bien sûr, mais pas de vent de panique du côté des entreprises. Les exportateurs apprennent, petit à petit, à composer avec une devise canadienne forte.

Et voilà ! Plus de deux ans après son sommet historique de l'automne 2007, le huard recommence à flirter avec la parité. Il y a de l'effervescence dans l'air, bien sûr, mais pas de vent de panique du côté des entreprises. Les exportateurs apprennent, petit à petit, à composer avec une devise canadienne forte.

Ils y ont intérêt, car le phénomène n'a rien d'un feu de paille. Si l'épisode précédent avait duré moins d'un an, jusqu'en juillet 2008, celui-ci s'annonce autrement plus long. Au moins jusqu'à la fin de 2011, prévoient des économistes. Certaines firmes, comme BMO Groupe Financier, voient même le huard à 1,05$US d'ici un ou deux ans. Bref, on ne parle pas d'un mauvais moment à passer, mais carrément d'un nouvel environnement. Les entreprises sauront-elles s'adapter?

Au moins, elles sont mieux préparées. Elles auraient dû l'être en 2007, puisque le danger de faire de la devise leur principal avantage concurrentiel était connu depuis longtemps. Hélas, il faut croire que certaines notions ne s'apprennent qu'à la dure. La nécessité de se protéger contre les risques de change, par exemple. Le réflexe commence à nous répandre, mais de toute évidence, il reste du travail à faire, en particulier dans les petites entreprises.

Les deux tiers des sociétés font face à la volatilité des changes, mais parmi les petites, moins de la moitié s'en protègent, a constaté Exportation et développement Canada dans un sondage. Elles ont intérêt à y voir, car l'absence ou l'insuffisance de couverture peut avoir raison de leur marge de profit.

La remontée du huard ne doit pas seulement être vue comme un inconvénient, mais aussi comme une occasion d'affaires. La force du dollar rend la machinerie et les équipements, qui sont largement produits à l'étranger, plus abordables pour les entreprises d'ici. La récession a freiné les élans, mais maintenant, il est temps d'en profiter. Comme le soulignait récemment le gouverneur de la Banque du Canada, cette composante essentielle de la productivité n'a été que trop négligée ici.

Enfin, si des exportateurs canadiens doutaient encore de la nécessité de réduire leur dépendance envers le marché américain, ou au moins d'y développer des créneaux plus spécialisés, le raffermissement durable du huard devrait avoir raison de leurs dernières illusions. Oui, c'est plus facile à dire qu'à faire. Développer des marchés à l'étranger exige du temps et de l'argent - comme miser sur la formation, la recherche ou la machinerie, d'ailleurs. Mais ce sont des investissements nécessaires, et qui ne seront pas perdus. Si jamais les tenants de la parité devaient se tromper, et le huard redescendre plus vite que prévu, les entreprises qui auront paré au pire n'en seront que plus concurrentielles.

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