Ottawa offrira-t-il le vaccin contre la grippe A (H1N1) assez tôt cet automne? La ministre fédérale de la Santé a beau répéter que oui, elle ne convainc personne. Leona Aglukkaq doit s'expliquer sur la stratégie canadienne.

La ministre Aglukkaq, qui participe à une importante conférence sur la prévention de la grippe à Winnipeg, est sur la défensive depuis mardi. Et elle se défend très mal. Nier que le Canada soit en retard, comme elle l'a fait à plusieurs reprises, n'avance à rien. Nous savons que d'autres pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie commenceront à offrir leur vaccin environ un mois avant le Canada. Pourquoi? Pour l'instant, on n'a pas reçu l'ombre d'une explication.

 

Le Journal de l'Association médicale canadienne a dénoncé la situation en éditorial lundi. Le Canada doit commencer à vacciner les groupes à risque plus tôt, réclament les cosignataires du texte. Une demande simple qui exige une réponse claire. Car si la grippe A (H1N1) s'est révélée moins féroce qu'on le craignait au départ, elle s'est aussi montrée d'une grande virulence envers certains groupes. Les femmes enceintes et les autochtones, par exemple, risquent beaucoup plus de souffrir de complications graves. La ministre, pourtant, n'a donné aucune garantie à leur sujet.

Mme Aglukkaq doit comprendre que la controverse ne s'éteindra pas d'elle-même. L'éditorial du Journal n'est qu'un avant-goût. Vers la mi-octobre, on commencera à voir des images d'Américains et de Britanniques qui se font vacciner. Peut-être même des Australiens avant la fin de septembre. Les Canadiens vont poser des questions. Que leur répondra la ministre? Que tout baigne puisque leur gouvernement s'occupera d'eux un mois plus tard? Bonne chance!

Pourtant, d'après les informations que nous avons obtenues, Ottawa serait capable d'offrir le vaccin plus tôt à certains groupes à risque. C'est même un scénario envisagé pour les femmes enceintes. Par ailleurs, notre calendrier de vaccination plus tardif découlerait de certains choix justifiables - l'évaluation préalable du vaccin et la quantité commandée, entre autres. Bref, il y aurait des arguments défendables à l'appui de la stratégie canadienne. Pourquoi ne pas nous les présenter au lieu de répéter des phrases creuses qui ne rassurent personne?

La ministre peut se compter chanceuse. Pour l'instant, les Canadiens semblent se méfier davantage du vaccin que de la grippe. Plus de la moitié n'ont pas l'intention de se faire immuniser, révélait un sondage cette semaine. Mais le vent peut tourner. Si le virus frappe tôt et, surtout, beaucoup plus gravement qu'au printemps, le vaccin risque de devenir très demandé. Si Ottawa n'est pas encore prêt à l'offrir, il va devoir s'expliquer.

 

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