Le lancement montréalais de CityFlitz attirera sans doute beaucoup de curieux ce matin. La formule de la firme torontoise, qui loue des petites voitures branchées pour aussi peu qu'un dollar par jour, est séduisante. Mais elle soulève aussi des questions sur la présence des véhicules publicitaires dans nos rues. Et sur l'inaction de Montréal dans ce dossier.

Le modèle d'affaires de CityFlitz est astucieux. Des entreprises paient pour apposer leurs couleurs sur des petites voitures comme les Mini et les Smart. En échange, CityFlitz s'arrange pour que les véhicules aient une bonne visibilité. Comment? En les louant à un tarif irrésistible (1$ par jour) et en exigeant que les conducteurs roulent au moins 30 kilomètres dans un secteur déterminé. Et c'est là qu'on commence à se poser des questions.

 

CityFlitz parle d'un service d'autopartage. Communauto, qui a popularisé ce type de système ici, conteste cette interprétation. Les consommateurs trancheront. Il est cependant curieux qu'un service d'autopartage, qui est censé réduire l'usage de la voiture, impose un kilométrage minimal. La justification, on l'aura compris, est de nature économique et non environnementale. Pour que les tarifs de location demeurent bas, il faut des annonceurs. Et pour les attirer, il faut leur garantir de la visibilité.

La Ville a émis quelques réserves. Mais même si elle le voulait, elle ne pourrait pas faire grand-chose. Elle n'a même pas réussi à interdire les camions qui promènent des enseignes publicitaires au centre-ville - des véhicules autrement plus polluants et dont la seule raison d'être est d'exhiber des réclames.

Le problème, c'est que Montréal ne s'est jamais donné la réglementation nécessaire pour enrayer ce fléau. Il y a bien, dans l'arrondissement Ville-Marie, un article interdisant la publicité sur tout autre véhicule que les autobus, mais il est inapplicable. La Ville a dû se rendre à l'évidence il y a trois ans, lorsqu'elle a voulu sévir contre les propriétaires de camions publicitaires. Depuis, plus rien.

Pourtant, la pub motorisée n'est pas une fatalité. Vancouver l'a bannie il y a plus de trois ans. Elle a tout simplement interdit la conduite ou le stationnement de tout véhicule dont le seul ou le principal but est d'exposer de la publicité. La Ville de Québec a adopté un règlement semblable qui doit entrer en vigueur en août. Un véhicule «utilisé uniquement aux fins d'installer l'enseigne» n'a pas accès aux rues de la capitale. Pas besoin de chercher plus loin!

Un tel règlement n'empêcherait peut-être pas l'implantation de CityFlitz - ce n'est d'ailleurs pas ce que nous réclamons. Mais au moins, la Ville aurait une position claire et cohérente sur la publicité motorisée. À quoi bon essayer de chasser toutes les voitures du centre-ville, au risque de faire perdre des clients aux commerçants, si c'est pour y laisser rouler des camions publicitaires qui ne dépensent pas un sou dans les boutiques ou les salles de spectacles? C'est absurde.

Montréal, nous dit-on, attend de voir si le règlement de la capitale sera contesté. Ça peut être long. Mieux vaudrait aller de l'avant tout de suite. Les citoyens seraient nombreux à appuyer une l'initiative.

akrol@lapresse.ca

 

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