Si tout se passe bien, General Motors émergera du tribunal des faillites dans deux ou trois mois, libérée de ses dettes et de nombreuses obligations. «Une nouvelle GM «, claironnait le constructeur hier. Reste à voir s'il saura profiter de cette nouvelle chance qui s'offre à lui.

La restructuration n'est qu'un préalable. L'avenir de l'entreprise se jouera après, dans l'exécution de sa mission première: vendre des véhicules à profit. Or, il est loin d'être certain que GM puisse tirer avantage de la reprise.

 

Les restructurations à l'abri des créanciers, sous la protection du fameux chapitre 11, ont donné de bons résultats dans le passé. Ce procédé a permis à plusieurs transporteurs aériens de redécoller, après avoir nettoyé leur bilan et allégé leurs frais de fonctionnement. La croissance économique, toujours favorable aux ventes de billets d'avion, faisait le reste. L'effet ne sera pas aussi automatique pour GM. Dans l'industrie aérienne, il n'est pas rare que le consommateur se résigne à faire affaire avec la compagnie qu'il déteste le plus parce que c'est la seule qui puisse le transporter au prix et au moment désiré. L'acheteur d'automobile nord-américain a autrement plus de choix.

Et ce n'est pas tout. Le prix du pétrole a dépassé les 68 dollars le baril hier. En pleine récession, alors qu'on n'entrevoit pas de sortie de crise avant l'an prochain - une reprise timide dans le meilleur des cas. Ça donne une idée de la flambée à laquelle on aura droit lorsque l'économie repartira vraiment. Le pétrole à 147$ le baril a suscité un intérêt jamais vu pour le covoiturage, les transports en commun et le télétravail l'an dernier. Un attrait qui deviendra encore plus marqué lorsque les prix à la pompe vont se remettre à grimper, et qu'il deviendra évident qu'ils ne redescendront pas.

Et si les travailleurs se servent beaucoup moins de leur voiture, ou de leur deuxième voiture, il leur faudra de fichues bonnes raisons pour la remplacer. La fin de sa vie utile - sauf qu'une auto qui roule peu s'use pas mal moins vite. Sa consommation trop élevée - à condition de pouvoir s'en payer une qui génère des économies vraiment significatives. On n'est même pas certain que les ventes de véhicules neufs reviendront à leur sommet de 2007, alors que les concessionnaires américains avaient écoulé 17 millions d'unités. Ils en vendront moins de 10 millions cette année. Ça donne une idée de la côte que l'ensemble de l'industrie a à remonter.

Avec une structure de coûts allégée, GM sera en mesure d'offrir ses produits à des prix plus concurrentiels. Encore faudra-t-il qu'ils séduisent le marché. Ce n'est pas gagné d'avance. La «nouvelle GM» n'est pas une nouvelle venue. C'est une entreprise à laquelle de nombreux consommateurs ont tourné le dos en jurant qu'on ne les y reprendrait plus. Regagner les coeurs, et des parts de marché, s'annonce un défi considérable, d'autant que les concurrents ne vont pas rester les bras croisés.

GM vient de se placer sur la ligne de départ. Va-t-elle démarrer au quart de tour ou caler lamentablement? Washington, Ottawa et les syndicats, qui l'ont commanditée à grands frais, ne peuvent que se croiser les doigts.

akrol@lapresse.ca

 

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