L'Ontario vient de déposer un projet de loi qui permettra à plusieurs professionnels de la santé d'effectuer des tâches autrefois réservées aux médecins de famille. Une stratégie qui devrait aider à réduire l'attente et permettre aux omnipraticiens de se concentrer sur les tâches les plus complexes.

Des infirmières qui posent des plâtres et prescrivent des tests d'imagerie médicale, des pharmaciens qui renouvellent des ordonnances, des sages-femmes qui font des prises de sang, des physiothérapeutes qui demandent des échographies... Les Ontariens pourront bientôt recevoir toute une gamme de services de santé sans avoir à passer par un médecin. Le projet de loi annoncé cette semaine devrait entrer en vigueur au début de 2010, nous dit-on au bureau du ministre de la Santé.

 

L'Ontario veut améliorer l'accès aux soins pour ses quelque 850 000 citoyens qui n'ont pas de médecin de famille. Un problème bien connu au Québec, où environ deux millions de personnes sont dans cette situation, indique la Fédération des omnipraticiens (FMOQ). Hélas, la solution imaginée par nos voisins ne pourrait pas être implantée ici demain matin.

Car en matière de soins de première ligne, le système ontarien peut compter sur un élément presque absent chez nous: les infirmières praticiennes. Le Québec en a à peine plus d'une centaine, incluant celles en formation. L'Ontario, qui y a cru avant nous, en compte aujourd'hui un millier. Elles effectuent déjà un grand nombre de tâches autrefois réservées aux omnipraticiens, dont les prescriptions et le suivi de patients. Certaines cliniques médicales n'emploient aucun médecin et reposent entièrement sur ces professionnelles. La nouvelle loi leur donnera encore plus de responsabilités.

Ironiquement, les infirmières ontariennes trouvent que ce n'est pas assez. Elles se plaignent notamment de ne pas pouvoir prescrire certains médicaments. N'empêche: le modèle ontarien nous montre à quel point elles peuvent être utiles lorsqu'elles sont assez nombreuses. Le gouvernement québécois devrait étudier l'exemple de son voisin. Cela l'inciterait peut-être à plus d'enthousiasme à l'égard de ces «superinfirmières».

Sur d'autres plans, par contre, le Québec n'a pas à rougir de la comparaison. Avec le système d'ordonnances collectives implanté au cours des dernières années, les pharmaciens peuvent déjà faire certains des gestes annoncés en Ontario. Mais d'autres améliorations pourraient être apportées. Il paraît tout à fait possible, et souhaitable, de réduire le nombre de situations où les pharmaciens doivent contacter des médecins, ou leur envoyer des patients, pour des formalités. Certains produits et articles sont en vente libre mais doivent, pour être couverts par les assurances, faire l'objet d'une prescription. Pourquoi ne pas permettre aux pharmaciens de la rédiger? Pendant ce temps, le médecin pourrait voir des cas plus graves qu'il est le seul à pouvoir traiter.

Entre les omnis qui partent à la retraite et les étudiants qui préfèrent les spécialités, la pénurie n'est pas près de se résorber. Il va falloir imaginer d'autres modèles, comme les groupes de médecine familiale, qui reposent sur plusieurs types de professionnels. Car pour la santé du patient, c'est l'accès aux soins, et non à un diplôme particulier, qui est déterminant.

 

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