Qu'est-ce qui arrive quand un homme qui n'a ni les connaissances ni les compétences pour diriger une équipe - et encore moins un pays - se retrouve à la tête de la première puissance mondiale ?

Plusieurs scénarios sont possibles, mais ce qui est presque sûr, c'est que ça va mal se terminer.

Le film Vice, à l'affiche depuis quelques jours, fait oeuvre utile en nous rappelant que c'est exactement ce qui s'est produit au début des années 2000. L'impréparation de George W. Bush a été tragique tant pour les Américains que pour le reste du monde.

Tragique en grande partie parce que Dick Cheney, vice-président perfide entouré de loyaux lieutenants non moins fourbes, en a profité pour faire la pluie et le beau temps à Washington.

Son influence était démesurée. Son pouvoir était débridé. Son arrogance n'avait d'égal que son cynisme. « Suis-je le génie du mal, dans l'ombre, que personne ne voit jamais sortir de son trou ? », avait-il lancé, à l'époque.

Ses vices et ses manigances ont mené à toutes sortes de bourdes et d'exactions indignes de la démocratie la plus puissante de la planète. Incluant l'une des plus épouvantables erreurs jamais commises par le pays en matière de politique étrangère, la guerre en Irak.

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Le film Vice rappelle comment les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ont servi de prétexte pour justifier l'invasion de l'Irak. Comment Dick Cheney et ses acolytes ont manipulé l'opinion publique en affirmant que le régime de Saddam Hussein était lié à ces attaques et qu'il possédait des armes de destruction massive. Faut-il rappeler que tout cela était faux ou à tout le moins sournoisement tiré par les cheveux !

Le film rappelle ce paradoxe saisissant : un pays qui disait vouloir démocratiser le Moyen-Orient menait une guerre « contre le terrorisme » au nom de laquelle il s'est permis de bafouer les valeurs fondamentales des démocraties.

Outre les mensonges ayant servi à justifier une guerre atroce au Moyen-Orient dont l'héritage empoisonne toujours notre époque, on a laissé la CIA développer un réseau de prisons secrètes dans le monde. On a créé un centre de détention (Guantanamo Bay) où les détenus - qualifiés de combattants ennemis - ont été victimes d'abus. Certains des prisonniers, à Guantánamo et ailleurs, ont carrément été torturés.

Comme si la main gauche d'oncle Sam ignorait ce que faisait sa main droite.

Quand George W. Bush a fini par se rendre compte du mal fait par Dick Cheney et sa garde rapprochée, il était beaucoup trop tard. Le Titanic avait frappé l'iceberg. Faire marche arrière n'allait pas arranger les choses.

Les choses se sont mal, très mal terminées. Avant même que George W. Bush ne quitte la Maison-Blanche en 2009, les historiens estimaient déjà qu'il était l'un des pires présidents américains de l'histoire. Et si on avait sondé les habitants de la planète à ce sujet, ils auraient pour la plupart été du même avis.

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Heureusement, un grand peuple apprend de ses erreurs, non ?

Non ?

Allez, sincèrement, vous y avez cru, vous aussi ?

Cru qu'après avoir confié sa destinée à un homme qui n'était pas prêt à assumer de telles responsabilités - mais qui avait revêtu les habits d'un politicien résolu qui misait sur la peur pour galvaniser ses citoyens - le peuple américain n'allait pas tomber dans le panneau de sitôt ! Cru que ce peuple n'allait pas élire un homme qui se fie surtout sur son instinct, ne connaît pas le doute et ne saurait probablement situer la Corée du Nord sur une carte !

Vous pensiez qu'un ratage aussi spectaculaire que celui de l'administration Bush allait immuniser les Américains contre de tels politiciens pendant au moins quelques décennies ?

Vous pensiez qu'une majorité d'électeurs avait compris qu'une petite poignée de gens mal intentionnés peuvent faire des dégâts terribles s'ils prennent le contrôle de la Maison-Blanche et si leur chef n'est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir ?

Grossière erreur !

Les vices actuels de l'administration américaine ne sont pas similaires à ceux d'hier. Mais le péché originel est le même. Un homme qui n'a ni les connaissances ni les compétences pour diriger une équipe - et encore moins un pays - s'est retrouvé à la tête de la première puissance mondiale.

Il est trop tôt pour faire un film sur la présidence de Donald Trump. Mais on peut d'ores et déjà se permettre de prédire, sans savoir comment celle-ci se terminera, que ce film risque fort de ne pas être très réjouissant...

Dick Cheney

Né le 30 janvier 1941 dans l'État du Nebraska

Vice-président des États-Unis de 2001 à 2009

Donald Trump

Né le 14 juin 1946 dans l'État de New York

Président depuis janvier 2017

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