Tout ce que la Chine fabrique lui a valu d'être surnommée «l'usine du monde». Avec raison. Mais la Chine est aussi une véritable usine... à touristes.

On a parfois tendance, ici, à l'oublier. Pourtant, s'en préoccuper davantage pourrait rapporter gros.

Explications : de tous les voyageurs en provenance de marchés étrangers, les Chinois sont dorénavant les plus nombreux. Les chiffres ont de quoi faire rêver. L'an dernier, plus de 120 millions de Chinois ont quitté leur pays pour explorer le monde.

Bon nombre de ces nouveaux touristes sont jeunes et dépensent des sommes colossales à l'étranger. Et ils devraient être de plus en plus nombreux à l'avenir. Le magazine Bloomberg Businessweek vient d'ailleurs de consacrer un article à cette tendance.

Les touristes chinois représentent donc une occasion en or pour les pays qui sauront les charmer.

Où en est le Canada? Il fait des efforts honorables. Mais il peut très certainement faire mieux. L'an dernier, un peu plus de 600 000 touristes chinois ont foulé le sol canadien. C'est beaucoup, bien sûr. Mais c'est encore trop peu.

Le Canada ne figurait même pas, en 2016, dans le top 20 des pays les plus visités par les voyageurs chinois. «Si nous doublions notre chiffre dès demain, nous n'aurions encore que 1% de tous les touristes chinois», faisait remarquer récemment l'ambassadeur canadien en Chine, John McCallum, lors d'un discours au Conseil des relations internationales de Montréal. Un discours judicieusement intitulé : «Saisir les occasions en Chine».

Le Québec, qui était en retard dans ce dossier, est en train de rattraper le temps perdu. Il avait accueilli uniquement 31 000 touristes chinois en 2010. Cette année, on pense pouvoir franchir le cap des 170 000. Les nouvelles liaisons aériennes directes entre Montréal et deux importantes villes chinoises, Pékin (depuis 2015) et Shanghai (cette année), ont eu sur ce secteur un effet similaire à celui des stéroïdes sur le corps humain. Le Québec a enfin pris son élan.

«Ce qui est important maintenant, c'est : est-ce qu'on va courir assez vite?», dit Martin Soucy de l'Alliance de l'industrie touristique du Québec.

Tant les gouvernements que les divers acteurs du secteur touristique ont un rôle crucial à jouer pour y parvenir. On a déjà commencé à tisser des liens avec l'industrie touristique chinoise.

Il faut poursuivre nos efforts et innover en matière de promotion si on souhaite que nos destinations se démarquent. La concurrence est féroce. Parallèlement, il serait bon de veiller à ce que l'attribution de visas se fasse de façon plus fluide qu'actuellement.

Du travail reste à faire, par ailleurs, sur le sol québécois. Qui, actuellement, est capable d'accueillir un touriste chinois en parlant mandarin? Ou en lui offrant des documents dans cette langue?

Il y a plusieurs années, les Québécois qui souhaitaient étudier à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec et qui maîtrisaient le mandarin pouvaient bénéficier d'un rabais. Des mesures similaires pourraient certainement être de nouveau envisagées.

Car les touristes veulent être dépaysés, mais ne veulent pas non plus, en général, sortir complètement de leur zone de confort. Adapter les services aux visiteurs chinois est donc crucial.

Par exemple, leur permettre d'utiliser les modes de paiement qu'ils privilégient (certaines applications chinoises sur leurs téléphones intelligents). Ça peut aussi vouloir dire, pour les hôtels, offrir des bouilloires, des sachets de nouilles, des pantoufles et peut-être même des déjeuners asiatiques.

En termes de retombées économiques, le jeu en vaut la chandelle. L'an dernier, selon l'Organisation mondiale du tourisme, la Chine a injecté 261 milliards US dans le tourisme international. Le Québec aurait tout intérêt à déployer les efforts nécessaires pour en profiter davantage, mais aussi à se préparer à faire face à la situation si ces touristes débarquent ici en masse.

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