On a commémoré les 15 ans des attentats du 11 septembre 2001 l'automne dernier.

La guerre contre le terrorisme, lancée dans la foulée de ces attaques meurtrières, a permis d'en éliminer le cerveau : Oussama Ben Laden. Mais le terrorisme islamiste, lui, n'a pas été éradiqué.

L'attentat de Manchester nous le rappelle cruellement.

Tout comme ceux qui ont été commis avant lui, des États-Unis à l'Afghanistan en passant notamment par la France et l'Irak.

« Aujourd'hui, on a l'impression que le djihad peut toquer à la porte de n'importe qui à n'importe quel moment. Tout le monde peut voir un de ses proches se transformer en victime ou en bourreau », a fort bien résumé le journaliste français Wassim Nasr, spécialiste du djihadisme.

Non seulement les terroristes islamistes continuent de semer la mort aux quatre coins du monde, mais ils le font de façon de plus en plus abjecte.

À Manchester, c'est un Britannique d'origine libyenne âgé de 22 ans qui s'est fait sauter à l'une des entrées du stade où se produisait Ariana Grande. Une chanteuse américaine dont le public est composé en bonne partie d'enfants et d'adolescents.

On sait déjà qu'une jeune fille de 8 ans fait partie des victimes.

Quelle sera la prochaine cible de ces barbares ? Une école maternelle ? Une garderie ?

L'attentat de Manchester nous rappelle à quel point la lutte est loin d'être terminée.

Cette lutte, les experts le répètent depuis des années, se mène sur deux fronts.

Il y a premièrement le combat militaire, auquel le Canada participe. La mission contre le groupe État islamique dans le nord de l'Irak a récemment été prolongée par le gouvernement libéral. C'était, si on prend la lutte contre les djihadistes au sérieux, la décision qui s'imposait.

Le fief principal du groupe État islamique (EI) est dorénavant Raqqa, en Syrie. Un assaut contre cette ville sera vraisemblablement lancé le mois prochain. Son succès est fondamental.

Il ne faudrait pas oublier, non plus, que le djihad est dorénavant global. D'où l'idée, par exemple, de participer à des opérations de paix au Mali, un pays que les djihadistes continuent de menacer. Ottawa aurait tout avantage à se décider au plus vite à ce sujet. Car les terroristes, eux, n'attendent pas.

Le deuxième front est celui où les manoeuvres sont les plus délicates. Il est crucial, on le sait, de gagner les coeurs et les esprits.

Le résumé d'un atelier sur le groupe État islamique organisé en janvier par le Service canadien du renseignement de sécurité (SRCS) offre quelques pistes éclairantes.

« On ne soulignera jamais assez combien les stéréotypes de haine assénés ad nauseam contre l'islam et les musulmans font le lit » du groupe État islamique, indique-t-on.

S'il faut éviter la diabolisation, il faut aussi s'attaquer avec plus de détermination aux racines du mal.

Lutter avec une vigueur renouvelée contre l'intolérance religieuse (courtiser le monarque saoudien et ses princes est un bien mauvais exemple à donner), freiner la radicalisation et trouver de meilleures façons de rescaper ceux qui basculent dans l'intégrisme.

C'est d'autant plus important que ce combat ne peut se mener seul. Les musulmans - qui sont d'ailleurs les principales victimes des terroristes islamistes - doivent faire front commun avec ceux que les djihadistes qualifient d'« infidèles ». C'est essentiel.

Entendre de plus en plus souvent le mot « routine » pour parler des attentats perpétrés par les djihadistes est intolérable. Il faut éradiquer ces actes barbares. Pas les normaliser.

PHOTO NIKLAS HALLE’N, AGENCE FRANCE-PRESSE

« Il faut éradiquer ces actes barbares. Pas les normaliser », écrit Alexandre Sirois.

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