«J'ai toujours pensé que les neuf mots les plus terrifiants de la langue anglaise sont : je suis du gouvernement, je suis ici pour aider», a dit le président américain Ronald Reagan dans les années 80.

Sa citation est passée à l'histoire. Elle est encore utilisée aujourd'hui par ceux qui aiment dénigrer le rôle de l'État dans  nos sociétés.

Les catastrophes naturelles comme celle qui frappe actuellement le Québec démontrent pourtant les limites d'un tel discours.

En temps de crise, les citoyens estiment, avec raison, que le gouvernement doit être là «pour aider».

Il est par ailleurs de bon ton, de nos jours,  de se dire anti-système. La méfiance à l'égard de nos élus est parfois justifiée. Mais force est d'admettre qu'ils ne sont pas tous, en tout temps, de mauvaise foi ou incompétents. 

On ne peut pas s'attendre à ce qu'ils règlent cette crise en claquant des doigts. Mais ils ont un rôle important à jouer. Et jusqu'ici, malgré les ratés dans la région de Gatineau dont fait état aujourd'hui notre journaliste Joël-Denis Bellavance, ils ont pour la plupart joué ce rôle avec efficacité. Il est important de le souligner.

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«Ce que je vois, ces jours-ci, c'est exemplaire», nous disait hier l'ingénieur Roger Nicolet. Il parle en toute connaissance de cause : il a présidé à la fois la commission d'enquête sur les inondations au Saguenay (1996) et celle sur la crise du verglas (1998). 

«On prend toutes les mesures appropriées pour pallier le problème, pour minimiser les conséquences, pour prendre soin de  la population», observe-t-il. Il voit aussi d'un bon oeil le fait que les élus «font preuve de transparence» et montrent qu'ils sont «en contrôle». 

Nos élus, il faut le dire, sont mieux outillés que jadis. Dans la foulée du rapport de M. Nicolet sur le verglas, une importante réforme de la sécurité civile a été mise en branle. On a entre autres donné plus de moyens à l'Organisation de la sécurité civile du Québec et accru la coordination entre le gouvernement provincial et les municipalités. Les rôles et responsabilités des divers acteurs ont par ailleurs  été clarifiés. 

Malgré tout, les aptitudes de nos élus en matière de gestion et de communication ainsi que leur leadership demeurent cruciaux.

On l'a compris à la suite du cafouillage de l'autoroute 13 lors de la tempête de neige à la mi-mars.

Cette fois-ci, on constate une prise  de décision qui, dans son ensemble, ne sent pas l'improvisation (du recours à l'armée au choix fait par plusieurs maires de décréter l'état d'urgence) et une présence de nombreux élus sur le terrain qui prouve qu'on comprend  que la situation est dramatique. 

Le ministère des Transports du Québec semble malgré tout avoir encore une fois connu des ratés, n'étant pas en mesure, depuis samedi, d'empêcher l'eau de submerger une partie de l'autoroute 50. «On va en tirer des enseignements», a dit à notre journaliste un porte-parole du ministère, dont les employés tentent actuellement de construire une nouvelle digue. Notons toutefois que ce cafouillage n'est pas à l'image de la performance des élus provinciaux et municipaux dans les nombreuses villes et régions inondées. 

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Il n'y a bien sûr pas que les élus qui se mobilisent. Les citoyens ne se font pas prier et les gestes d'entraide se multiplient. Ça aussi, il est important de le souligner.

D'autant plus que ce dévouement survient quelques mois après le fiasco de l'autoroute 13, à la suite duquel un soi-disant déficit de «capital social» du Québec avait été décrié. 

L'ex-directeur de l'Institut d'études canadiennes de McGill, Andrew Potter, avait estimé que le cafouillage était une preuve  de «l'absence de solidarité» caractéristique de la société québécoise. 

Parions que cet universitaire se rend d'autant plus compte aujourd'hui à quel point sa thèse ne tenait pas la route. Les citoyens et les élus qui se serrent les coudes ces jours-ci n'ont pas fini de le lui rappeler.

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