À la une du magazine New Yorker récemment : la Maison-Blanche, dont les fenêtres ont été brisées par... des balles de golf. Le coupable ? Donald Trump, bâton à la main.

Un empoté, responsable d'un gâchis. Le dessin, mordant, se veut symbolique.

De fait, rares sont les présidents américains dont les 100 premiers jours au pouvoir ont été aussi tumultueux. Et dont les cafouillages ont été aussi nombreux.

On s'intéresse aux « 100 jours » depuis la présidence de Franklin D. Roosevelt. Ce président démocrate a eu besoin d'à peine plus de trois mois, en 1933, pour mettre de l'avant de nombreuses réformes majeures. Pas moins de 15 projets de loi de premier plan ont alors été adoptés.

Évaluer les 100 premiers jours est un brin arbitraire. C'est néanmoins un baromètre qui permet souvent de prédire à quoi ressemblera une présidence. Entre autres parce que cette période cruciale nous donne une bonne idée des forces et faiblesses d'un chef d'État.

D'ailleurs, évaluer les 100 premiers jours de Donald Trump, c'est jouer franc-jeu. Parce qu'il avait lui-même présenté un programme ambitieux pour cette période.

Et parce qu'il a soutenu lors de sa campagne - à tort - que son pays était au bord du gouffre et qu'il devait redresser la barre fermement. À l'exemple, donc, de Franklin D. Roosevelt. Ce politicien hors du commun avait été élu, rappelons-le, alors que les États-Unis étaient véritablement en pleine crise.

Or, contrairement à FDR, Donald Trump n'a jusqu'ici fait adopter aucun projet de loi majeur. Il n'a même pas été en mesure de faire voter la législation qui devait remplacer la réforme du système de santé de Barack Obama, qu'il avait pourtant tant décriée.

Il peine aussi à convaincre le Congrès (dont les deux chambres sont contrôlées par son propre parti !) de lui accorder les sommes nécessaires à la construction de son mur à la frontière du Mexique. Si bien qu'on peut légitimement se demander s'il sera capable de convaincre ses propres troupes de voter en faveur de son ambitieuse réforme fiscale. Ou d'adopter des grands pans de son budget, hautement controversé.

Par moments, les 100 premiers jours de Donald Trump ont fait penser à un match de la Ligue nationale d'improvisation. À la Maison-Blanche : improvisation mixte ayant pour thème la présidence américaine.

Ce qui est peut-être le plus inquiétant, c'est qu'il n'a démontré aucune volonté de changer son approche ou son entourage malgré les ratés (exception faite de son conseiller à la sécurité nationale, mais cette démission était en lien avec les contacts inappropriés entre cet ancien militaire et Moscou).

Les bons présidents, eux, l'ont fait. Les politologues et historiens citent souvent en exemple John Fitzgerald Kennedy. Il a tiré des leçons de l'invasion - ratée - de la baie des Cochons à Cuba visant à renverser Fidel Castro. Il a rapidement modifié la façon dont il était conseillé en matière de politique étrangère. Son processus décisionnel s'est amélioré.

Trump a notamment été prié de refaire ses devoirs par des juges quant à son décret sur l'immigration. Et par des parlementaires pour sa réforme de la santé.

Mais il n'a pas réajusté le tir. Il n'apprend pas de ses faux pas.

Bien sûr, il a atteint certains de ses objectifs. Il a su faire nommer un juge ultraconservateur à la Cour suprême du pays. Il a aussi commencé à saper les mesures de protection de l'environnement et a réalisé certaines autres promesses de moindre importance. Faciliter la vente d'armes à feu aux handicapés mentaux, par exemple.

Mais en quoi ces initiatives viennent-elles en aide à l'Américain moyen, à qui le candidat Trump avait pourtant promis la lune, en campagne électorale ?

Il est loin d'être trop tard pour le président Trump. Il lui reste plus de trois ans pour remplir ses promesses. Mais ses 100 premiers jours n'augurent pour l'instant rien de bon pour la suite des choses.

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