«On a évité l'hécatombe», a récemment affirmé le responsable de l'environnement à la Ville de Montréal, Réal Ménard. Il faisait le bilan des efforts pour sauver les frênes qui ornent les rues de la métropole.

Du même coup, il a précisé que le nombre de frênes abattus allait vraisemblablement franchir le cap des 20 000 en 2017. Et que près de la moitié des 100 000 frênes dans les rues seront, au bout du compte, rayés de la carte.

Peut-on sérieusement abattre autant d'arbres et se targuer d'avoir évité une «hécatombe»?

Curieusement, la réponse est... oui.

Parce que Montréal, contrairement à certaines autres villes nord-américaines, a réussi à sauver des dizaines de milliers d'arbres des ravages de l'agrile du frêne.

Les autorités municipales ont déjà traité 50 000 arbres avec un pesticide qui les protège, temporairement, contre le petit insecte destructeur.

C'est l'une des preuves que la gestion de cette crise environnementale a dorénavant atteint sa vitesse de croisière à Montréal. C'est rassurant.

D'autant plus qu'initialement, la réaction à la menace posée par l'agrile du frêne n'a pas été des plus vigoureuses. «On a dormi au gaz», a résumé le conseiller municipal de Projet Montréal Sylvain Ouellet.

Heureux hasard, l'insecte est apparu au Québec (en 2008, à Carignan) six ans après avoir été détecté pour la première fois sur le continent nord-américain, dans la région de Detroit. On a donc pu apprendre des erreurs des autres et bénéficier de quelques années de plus pour se mobiliser, se concerter et développer des stratégies éclairées.

Nos élus municipaux et provinciaux auraient avantage à procéder à un examen de nos bons et moins bons coups dans ce dossier. Les espèces exotiques envahissantes, en cette ère de mondialisation, sont malheureusement en progression. L'agrile du frêne vous inquiète? Le longicorne asiatique, qui s'attaque à de nombreux feuillus, vous empêchera peut-être un jour de dormir.

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Le combat contre l'agrile du frêne est loin d'être terminé. Les arbres protégés par l'insecticide sont en sursis, il faut les traiter tous les deux ans.

Et jusqu'ici, rappelons-le, les efforts déployés ont surtout été dirigés vers les 100 000 frênes dans les rues de la ville.

Il y en a aussi environ 50 000 sur des terrains privés. Montréal doit continuer ses efforts pour convaincre, subventions à l'appui, les propriétaires montréalais de les traiter. S'il n'est pas trop tard, car c'est une course contre la montre.

Enfin, il y a également 100 000 frênes situés en milieu forestier. Ils sont pour l'instant moins menacés, mais il faut rapidement s'en préoccuper. Que fait-on, par exemple, avec ceux qui se trouvent sur le mont Royal?

Parallèlement, il est essentiel de continuer la recherche pour trouver des moyens d'éradiquer l'agrile du frêne. Tout comme il est urgent de planifier avec plus de soin qu'auparavant le choix des arbres qui seront plantés à Montréal.

Car la mobilisation contre l'agrile du frêne nous aura par-dessus tout permis de constater qu'un grand nombre de citoyens montréalais sont pleinement conscients de l'importance des arbres pour leur ville.

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12,4 millions

Somme en dollars dépensée par la Ville de Montréal depuis 2012 pour lutter contre l'agrile du frêne.

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