Horreur. Effroi. Angoisse.

Ce sont les mots qui nous viennent à l'esprit lorsqu'on lit le récit des derniers moments du vol MS804 d'EgyptAir.

L'avion, qui se trouvait jeudi à plus de 11 000 mètres au-dessus de la mer Méditerranée, a effectué successivement un virage de 90 degrés à gauche et un autre de 360 degrés à droite, tout en perdant (trop) rapidement de l'altitude, avant de se désintégrer.

Hier, l'horreur, encore. Lorsque les autorités grecques ont annoncé la découverte des premiers débris. « Un membre humain, deux sièges et une ou plusieurs valises. » L'apparence banale de cette énumération la rend encore plus grotesque.

Soyons honnêtes, maintenant : quel est le premier mot qui vous est venu à l'esprit lorsqu'on a appris la disparition de cet avion ? Terrorisme ?

Comment ne pas y penser. D'ailleurs, c'est la première thèse qui a été évoquée par les autorités égyptiennes. Les exactions des terroristes qui se revendiquent du groupe État islamique surviennent à une telle fréquence que la terreur fait maintenant partie de notre quotidien.

Certains auront - naïvement - pensé qu'avec les attaques perpétrées le 11 septembre 2001, le terrorisme islamiste avait atteint son paroxysme en matière de folie meurtrière. Qu'il ne pourrait, à partir de là, que s'affaiblir.

De fait, entre ces attentats et la capture de leur diabolique commanditaire, Oussama ben Laden, il s'est écoulé 10 ans au cours desquels son organisation, Al-Qaïda, décimée, est presque devenue anémique. La menace terroriste n'était pas disparue, mais elle s'était atténuée.

Le groupe État islamique a changé la donne.

Il existe plusieurs façons de prendre la mesure de sa puissance. Sa richesse. Le territoire dont il a pris possession en Syrie et en Irak (qu'il qualifie pompeusement de califat). Ses capacités inédites de recrutement. Et l'efficacité de ses coups d'éclat sanglants et de sa propagande. C'est ce qui lui a permis de pousser des « loups solitaires » à commettre des crimes en son nom.

C'est aussi ce qui fait que lorsqu'un avion s'écrase ou qu'un tireur sème la mort dans un lieu public, notre première intuition est donc souvent de soupçonner un geste délibéré posé par un fou de Dieu.

« La seule chose que l'islamisme puisse dominer, pour l'instant, est le journal télévisé », avait fait remarquer, il y a quelques années, le romancier britannique Martin Amis. Or, les fidèles du groupe armé État islamique ne veulent pas en rester là. Ils veulent dominer nos débats politiques et influencer nos décisions, nos comportements et nos principes.

Ces terroristes n'ont peut-être rien à voir avec l'écrasement de l'avion d'EgyptAir, mais notre réaction face à cet événement nous permet malgré tout de prendre la mesure du chemin qu'ils ont parcouru. Ce qui nous rappelle qu'il faut continuer à les combattre avec ardeur, sans renier nos valeurs. Il en va de notre liberté.

290 km

C'est à cette distance de la côte égyptienne qu'on a retrouvé les premiers débris de l'avion.

48 000

Nombre d'heures accumulées par cet Airbus A320 (livré à EgyptAir en novembre 2003), ce qui est relativement peu.

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