La question est sur toutes les lèvres à l'issue de la saison désastreuse du Canadien : que doit faire Marc Bergevin ?

Les médias se prononcent. Les citoyens se sentent interpellés. Ils en débattent entre eux et avec les experts. Résultat :  de nombreuses solutions sont évoquées avec enthousiasme et passion. Allez, Montréal !

Imaginez si on mettait autant d'énergie à trouver des solutions aux problèmes de la Société de transport de Montréal qui vient, elle aussi, de connaître une année décevante.

L'achalandage, a-t-on appris jeudi dernier lors de la publication de son rapport annuel, a chuté de 0,9 % l'an dernier. C'est significatif : ça représente tout près de 4 millions de déplacements de moins qu'en 2014 sur l'ensemble du réseau.

En conférence de presse, le président de la STM, Philippe Schnobb, a dit qu'il s'agissait d'un phénomène « préoccupant ». On a toutefois l'impression qu'il cherche à noyer le poisson et non à susciter un débat à ce sujet.

Le grand patron de la STM a préféré utiliser le mot « stabilisation » pour éviter de parler de « diminution ». Il a aussi prétexté qu'il s'agit d'une « tendance régionale, canadienne et nord-américaine ». Notamment parce que l'achalandage des transports en commun à Vancouver a chuté de 0,2 %. Comme si le Canadien tentait de détourner l'attention de ses déboires en soulignant qu'aucune équipe canadienne ne fera les séries cette année.

Plusieurs chiffres du rapport annuel de la STM montrent pourtant que la société et son président bénéficieraient d'une petite séance d'introspection. Tout particulièrement en ce qui concerne le rendement et l'efficacité du réseau d'autobus.

Les quelque 1700 véhicules du parc sont encore moins ponctuels qu'auparavant :  82,3 % d'entre eux respectent leur horaire (tolérerait-on que vous n'arriviez à l'heure que huit fois sur dix au travail ?). Et le taux de satisfaction à leur égard a encore chuté. Il est dorénavant de 76 %. Quiconque est régulièrement coincé dans un autobus à la fois en retard et bondé comprendra pourquoi.

Le rapport annuel nous apprend d'ailleurs que quatre des cinq circuits d'autobus les plus achalandées ont perdu des usagers. Il est vrai que les nouveaux modes de transport (BIXI, Communauto, etc.) ont pu contribuer à cette baisse. Mais il ne faut surtout pas négliger l'insatisfaction croissante des usagers de la STM.

Elle fait erreur en tentant de dorer la pilule. Cela étant dit, elle ne peut, à elle seule, redresser la barre. Ni la Ville de Montréal ni le gouvernement du Québec n'ont su démontrer, ces dernières années, que les transports collectifs sont pour eux une priorité.

Comme l'expliquait François Pépin - président d'une association de défense des usagers - à notre collègue Bruno Bisson la semaine dernière, c'est au gouvernement provincial d'injecter les fonds nécessaires à l'amélioration des services. Ce fut le cas entre 2006 et 2011, ce qui avait permis de revoir à la hausse le parc d'autobus.

On ne compte plus le nombre d'experts qui réclament, depuis de nombreuses années, une véritable stratégie en matière de transports collectifs pour Montréal. Les ratés de la STM démontrent une fois de plus l'urgence de mettre de l'avant un plan d'action aussi ambitieux que réfléchi. Sinon, armez-vous de patience à l'arrêt d'autobus.

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