Sept nouveaux arrivants au Québec sur dix s'installent à Montréal. Ce n'est pas étonnant. Ce qui l'est, par contre, c'est que la Ville n'avait jusqu'à récemment ni structure ni expertise pour favoriser leur intégration.

C'est ce qui a poussé Denis Coderre, l'automne dernier, à octroyer un contrat à Michel Dorais (dont le salaire de 110 000 $ pour trois mois a soulevé la controverse) et à créer un comité de coordination temporaire devant l'afflux massif de réfugiés syriens.

M. Dorais, ancien sous-ministre d'Immigration Canada, vient de recommander la création d'une structure permanente visant à remédier aux lacunes de Montréal en matière d'intégration tant des réfugiés que des immigrants.

Le Bureau d'intégration des nouveaux arrivants à Montréal, annoncé cette semaine, comptera une dizaine d'employés qui devront « entretenir et soutenir » le réseau des organismes communautaires sur le terrain.

L'opposition a rapidement manifesté son indignation à la suite de cette annonce. « Une nouvelle structure pour pérenniser le gaspillage de fonds publics », a-t-on dénoncé chez Projet Montréal, où on estime que le nouveau bureau sera une « coquille vide ».

Les organismes communautaires, qui sont actuellement en première ligne pour ce qui est de l'intégration des nouveaux immigrants, semblent pourtant voir d'un très bon oeil la nouvelle initiative de la ville.

Montréal accueille en moyenne 700 nouveaux arrivants par semaine. Ce chiffre ne tient pas compte des réfugiés syriens, dont le flot devrait s'accentuer au cours des prochaines semaines - la métropole n'en a reçu que 1400 jusqu'ici, dont seulement 19 étaient parrainés par l'État.

On ne compte par ailleurs plus les études et les statistiques qui démontrent les ratés du processus d'intégration de ces réfugiés et immigrants. On sait par exemple que leur intégration au marché du travail laisse à désirer. On apprenait même cette semaine que de plus en plus d'adultes boudent les cours de français qu'on leur offre à leur arrivée au Québec.

Que Montréal démontre une plus grande sensibilité à cet égard ne peut être que positif.

On peut espérer que l'équipe responsable de l'intégration s'assurera qu'on tiendra systématiquement compte, à l'avenir, du sort des nouveaux arrivants dans le cadre des décisions et initiatives de la Ville.

L'existence du nouveau bureau permettra aussi à Montréal de mieux justifier la demande faite à Québec l'été dernier visant à obtenir plus de pouvoir en matière d'intégration.

N'allons toutefois pas croire que le Bureau d'intégration des nouveaux arrivants à Montréal permettra de régler tous les problèmes et de faire des miracles du jour au lendemain. Malgré l'existence d'un bureau similaire à Toronto, on rapporte déjà le désarroi de certains réfugiés syriens qui peinent à obtenir assez d'argent pour se loger et faire vivre leurs familles.

La création de ce bureau à Montréal répond toutefois à un besoin réel. Si l'initiative est bien menée, elle pourrait contribuer à une meilleure intégration des nouveaux arrivants. C'est d'autant plus crucial alors que des milliers de rescapés de l'enfer syrien frappent aux portes de la ville.

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