Plus ça change, plus c’est pareil.

Si la campagne électorale municipale a été la preuve que l’ancien maire Denis Coderre était resté le même, le début du second mandat de Valérie Plante nous démontre aussi que la mairesse n’a pas perdu l’habitude de manquer rapidement à ses promesses.

Moins d’un mois après son élection, elle a fait une croix sur son intention d’ajouter 250 policiers à Montréal, un peu comme elle avait rompu son engagement de maintenir la hausse des impôts fonciers sous le taux d’inflation, il y a quatre ans.

Revenons en 2018.

Deux mois après son élection surprise, Valérie Plante dépose son premier budget. En jonglant avec les pourcentages, elle fait des contorsions mathématiques pour le moins douteuses afin de convaincre les citoyens que leur augmentation de taxe ne sera que de 1,9 %, alors que leur facture va plutôt grimper de 3,3 %.

Non seulement la hausse de taxe qu’elle présente est artificiellement dégonflée, mais en plus, elle utilise un taux d’inflation de 2,1 % pour Montréal, alors que le chiffre le plus récent n’est que de 1,7 %. Décidément, la calculatrice de la mairesse est bien étrange.

Retour en 2021.

Fusillades, meurtres, prolifération des armes à feu… Denis Coderre martèle que Montréal n’est plus sécuritaire et promet d’ajouter 250 policiers. À cinq jours du scrutin, Valérie Plante égale sa promesse, en annonçant l’embauche de 250 agents d’ici 2023, dont 80 d’ici la fin de janvier 2022.

D’ailleurs, cette promesse étonne de la part de Projet Montréal qui, en avril, avait proposé un projet pilote visant à retirer l’arme à feu à certains policiers, une idée qui ne se trouvait pas dans la plateforme électorale, toutefois.

L’élection passée, voilà que la mairesse joue à nouveau avec les chiffres… et les mots. Elle parle maintenant d’un ajout « brut » au lieu d’un ajout « net ». Cela fait en sorte que la grande majorité des 250 embauches serviront à remplacer des départs à la retraite (177 seulement en 2020).

À ce compte, Montréal n’aura pas davantage de policiers en 2023, contrairement à ce que les électeurs avaient compris durant la campagne.

Bon, vous direz que tous les politiciens finissent tôt ou tard par ne pas respecter certaines de leurs promesses. Mais ce qui choque dans le cas de Mme Plante, c’est la rapidité avec laquelle elle revient sur sa parole. Et sa manière peu habile d’essayer de camoufler son changement de cap.

Madame la mairesse, les citoyens savent compter ! Ils ne sont pas dupes.

Le pire, c’est qu’il n’est même pas si clair qu’on manque de policiers à Montréal, malgré les affirmations du SPVM et de la Fraternité des policiers.

Au Québec, on compte pratiquement autant de policiers par 100 000 habitants (184) que dans l’ensemble du Canada (183). Mais il est vrai que ce nombre a légèrement fondu entre 2015 et 2019, alors que la charge de travail administrative des policiers a augmenté, en raison du nombre de rapports à rédiger et de formulaires à remplir.

Chose certaine, avec la récente volte-face de la mairesse Plante, les policiers risquent d’arriver à rebrousse-poil au Sommet contre la violence qu’elle veut organiser à la fin de janvier.

Malgré tout, il faut saluer cette initiative qui vise à réunir gouvernements, policiers, groupes communautaires et écoles afin de trouver des solutions à la flambée de fusillades à Montréal.

L’éradication de la violence va bien au-delà de la responsabilité des policiers, qui arrivent en bout de piste. Si on veut s’attaquer à la racine du mal, il faut miser sur la prévention en s’assurant notamment que les groupes communautaires qui tirent souvent le diable par la queue aient accès à un financement stable.

Le malheur, c’est que la prévention prend du temps avant de porter ses fruits. Et les politiciens qui cherchent des résultats rapides sont toujours plus hésitants à financer des projets qui donneront des résultats après leur mandat.

On aura donc besoin d’engagements en ce sens au cours des prochaines semaines. Des engagements qu’il faudra tenir.

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