Après la crise du papier commercial, la Caisse de dépôt et placement du Québec a juré qu'on ne la reprendrait plus à risquer trop fort. On peut donc difficilement lui reprocher son excès de prudence en 2011. Surtout que la stratégie a été payante.

Satisfaisant, le rendement de 4,0% obtenu par la Caisse en 2011? Oui et non. La Caisse a tiré profit d'un plan de match gagnant dans les circonstances, mais elle a commis trop d'erreurs d'exécution pour en tirer son plein potentiel.

D'abord, les fleurs: la Caisse se classe parmi les meilleurs grands gestionnaires de caisses de retraite au pays. Selon l'indice RBC Dexia, le rendement médian des grands gestionnaires de caisses de retraite a été de 1,7%. Il fallait un rendement de 3,5% pour faire partie du premier quartile.

Si la Caisse a mieux fait que la plupart de ses pairs, c'est essentiellement parce qu'elle a choisi d'être moins présente en Bourse. Son exposition aux marchés boursiers a été réduite de 37% (sa cible habituelle) à 30% en cours d'année, avant de revenir à 35% en fin d'année. Le président et chef de la direction, Michael Sabia, s'est félicité de «l'agilité (de l'institution) de jouer trois mois en défensive et d'aller ensuite à l'offensive», une stratégie qui continuera en 2012. En limitant ses pertes en Bourse, la Caisse a pu profiter pleinement des rendements de ses placements de revenus fixes, même si elle a laissé du rendement «sur les lignes de côté» en gardant une dizaine de milliards en argent comptant plutôt qu'en obligations.

Si le plan de match était judicieux, son exécution a connu quelques ratés. Avec sa stratégie, la Caisse aurait dû obtenir un rendement de 4,2% selon ses indices de référence. Elle a obtenu 4,0% car seulement 5 des 11 portefeuilles gérés activement par la Caisse ont battu leur indice de référence. «Nous avons du travail à faire», reconnaît Michael Sabia. Le rendement a notamment été décevant à la Bourse canadienne (-10,6%, contre -8,2% pour l'indice).

Si la Caisse n'a pas oublié les dures leçons du papier commercial, son actif net (159 milliards) a dépassé son sommet d'avant la crise (155,4 milliards en 2007), même si c'est davantage à cause des nouvelles sommes investies par ses déposants (8,1 milliards) qu'à cause de ses rendements (-4,6 milliards en incluant les pertes du papier commercial en 2008). Axée sur la prudence, la stratégie de Michael Sabia a généré un rendement annualisé de 9,1% depuis trois ans, soit exactement son indice de référence. «C'est une chose de faire de l'argent quand les marchés vont bien mais le vrai test, c'est quand les marchés vont mal», dit-il.

En terminant, les investissements de la Caisse au Québec sont passés de 24,1% à 25,8% de son actif net au cours de la dernière année. Ce ratio inclut un investissement controversé dans Kruger, qui a créé des emplois à Memphis plutôt qu'au Québec. Au cours des prochaines années, Michael Sabia croit qu'il y aura assez d'occasions d'investissement au Québec pour hausser le ratio d'actifs québécois de la Caisse. Avis à nos politiciens qui se préparent pour une campagne électorale...

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