En 2004, ce n'était qu'un site web pour que les étudiants de l'Université Harvard fassent connaissance. En 2012, ce sera l'inscription en Bourse la plus importante de l'histoire des technos.

Facebook a dévoilé hier les premiers détails de son entrée prochaine en Bourse. L'émission record sera de cinq milliards de dollars en actions alors que la valeur totale de l'entreprise varierait entre 75 et 100 milliards (plus que Walt Disney!). Mais Facebook ne fait pas son entrée en Bourse pour une question d'argent - le réseau social peut amplement se financer sur les marchés privés, où s'échangent déjà certaines de ses actions. C'est plutôt en raison d'un vieux règlement de la Securities Exchange Commission (SEC), l'organisme régissant les marchés financiers aux États-Unis, obligeant les entreprises privées avec plus de 500 investisseurs à publier leurs états financiers.

Avare d'informations sur ses finances, le réseau social le plus populaire au monde atteindra ce seuil cette année. Tant qu'à lever le voile sur ses finances, aussi bien vivre l'expérience boursière au complet. C'est ainsi que Wall Street a appris hier que Facebook avait généré des profits de 1,0 milliard (+65% sur un an) sur des revenus de 3,7 milliards (+88% sur un an) en 2011.

Faut-il investir dans Facebook? La première émission d'actions est réservée aux Américains, mais il n'est pas trop tôt pour entamer sa réflexion. Selon les dernières estimations non officielles (le prospectus déposé hier ne contient aucun détail à cet effet), Facebook tenterait d'entrer en Bourse à une évaluation entre 75 et 100 fois ses profits annuels. C'est cher. Trop? Amazon, autre entreprise remplie de promesses, s'échange actuellement à 131 fois ses profits annuels de 2011. En 2004, Google était entrée en Bourse à 77 fois ses profits annuels. Sept ans et demi plus tard, le titre de Google s'est apprécié de 436% et s'échange à un ratio plus raisonnable de 19,5 fois ses profits annuels passés.

Que signifie cette entrée en Bourse pour les 845 millions d'utilisateurs mensuels de Facebook? Son cofondateur et PDG Mark Zuckerberg a beau vouloir garder le cap sur sa mission de «rendre le monde plus ouvert», Facebook n'aura d'autre choix que de se soumettre aux diktats de rentabilité à court terme de la Bourse. Comme Google l'a fait avant elle.

De toute façon, pour les annonceurs qui font déjà sa rentabilité, Facebook n'est pas un réseau social pour retrouver de vieilles connaissances, montrer les dernières photos de fiston ou partager ses états d'âme. Il s'agit de la base de données sur les consommateurs la plus perfectionnée au monde, laquelle accapare déjà 28% du marché des annonces internet aux États-Unis. C'est deux fois plus que son plus proche rival, Yahoo.

Depuis des décennies, les entreprises cherchent par tous les moyens à mieux connaître et viser leur clientèle. Avec Facebook, le consommateur leur livre lui-même les précieuses informations. Pas étonnant que Wall Street «aime» Facebook.

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