Selon les informations obtenues par notre collègue Joël-Denis Bellavance, les conservateurs comptent faire porter la prochaine campagne électorale sur le thème de l'unité canadienne, c'est-à-dire sur le «fédéralisme d'ouverture» pratiqué par le gouvernement Harper, philosophie qu'on opposera à la centralisation prétendument prônée par les libéraux de Stéphane Dion.

Ce thème est certainement porteur au Québec où l'attitude de M. Harper dans ce domaine a été favorablement accueillie. Toutefois, la reconnaissance de la nation québécoise ne saurait faire oublier les enjeux plus concrets qui préoccupent les électeurs de la province. Or, sur plusieurs de ces questions, le bilan des conservateurs est beaucoup moins reluisant. Surtout, le gouvernement se montre incapable de défendre certaines de ses décisions de manière convaincante. Parfois, il semble même y avoir renoncé.

Le cas le plus récent est celui de l'abolition de sept programmes d'aide à la culture. Au total, ces programmes représentent une infime partie de l'aide fédérale au milieu culturel; il est par conséquent exagéré de prétendre que le gouvernement Harper ne croit pas à la culture. Il reste que les programmes abolis sont importants pour plusieurs artistes et organisations, permettant le tournage de films à petit budget, la tenue d'expositions et de conférences à l'étranger et l'organisation de tournées internationales.

Après quelques jours de silence, la ministre du Patrimoine canadien a finalement consenti à expliquer cette décision. Sans donner plus de précisions, Mme Josée Verner a soutenu que les programmes en question avaient été jugés peu efficaces. Pourtant, au moins un de ces programmes (Promart, du ministère des Affaires étrangères) avait reçu de très bonnes notes lors de la dernière évaluation interne, publiée il y a à peine deux ans. La population, notamment les personnes et organismes concernés, n'a-t-elle pas droit à des explications plus longues qu'une phrase?

Mme Verner affirme que de nouveaux programmes seront mis en place. Soit. N'aurait-il pas été plus sage de concevoir ces outils avant de publier l'avis de décès de ceux qui existent?

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement Harper procède de la sorte. Il y a quelques mois, le ministre Jean-Pierre Blackburn a sabré les subventions versées à des dizaines d'organismes qui font la promotion du développement économique dans les régions du Québec. Comme Mme Verner, M. Blackburn a conclu, sur la base d'on ne sait trop quelles analyses, que les subventions en question n'étaient pas efficaces. De plus, il a mis en place son propre programme qui lui permet de faire le tour de la province pour annoncer des subventions à la pièce.

À un plus haut niveau, on se rappellera que le premier ministre, M. Harper, a refusé d'expliquer pourquoi il a choisi de ne pas assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin. De même, il n'a pas dit clairement pourquoi son gouvernement ne travaillait pas à rapatrier au pays Omar Khadr, un jeune Canadien détenu à Guantanamo.

Beaucoup de Canadiens reconnaissent au premier ministre la qualité d'être un homme de décision. Mais la politique ce n'est pas seulement décider, c'est aussi convaincre. À ce chapitre, au cours des derniers mois, la performance du gouvernement conservateur a été tout simplement pitoyable.

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