La maquette de la place du Quartier des spectacles dévoilée mercredi a de quoi réjouir les Montréalais. D'ici un an, ils auront accès à un bel espace urbain dégagé, agrémenté de jets d'eau et ouvert sur une façade revue et corrigée du Musée d'art contemporain. Difficile de ne pas applaudir et ce, même si l'aspect architectural du projet demeure encore flou.

Cette future place publique s'inscrit tout à fait dans la tendance des villes créatives, si chères à Richard Florida, un penseur spécialiste des villes dont les idées ont déjà été très à la mode et qui a fortement influencé le maire de Montréal, Gérald Tremblay.

Le pari des villes créatives est de miser sur l'économie du divertissement en développant une identité culturelle forte. Par leur effervescence, ces villes attirent les créateurs. Les villes créatives misent ensuite sur cette expérience urbaine culturelle pour attirer les visiteurs.

Cette tendance est bien présente au pays comme le prouvent les efforts de Toronto pour se positionner comme métropole culturelle avec, entre autres, son festival Luminato. Même Québec a décidé de sauter dans le train. Mercredi soir dernier, à l'émission Bons baisers de France, le maire de Québec, Régis Labeaume, a déclaré vouloir faire de la Vieille Capitale LÀ ville de la relève culturelle. La compétition sera peut-être féroce.

Montréal et ses partenaires doivent donc s'assurer que la place du Quartier des spectacles soit un aimant et un moteur de l'activité culturelle et urbaine de la Ville, et non «l'affaire de deux gars, Simard et Rozon», pour reprendre les propos on ne peut plus pertinents du fondateur du Festival juste pour rire. Cette place doit donc être animée TOUTE l'année.

Or en conférence de presse mercredi, autant le maire que les ministres présents semblaient traiter la question hivernale avec désinvolture.

Comme l'a souvent dit l'anthropologue Bernard Arcand, notre aversion pour la saison froide nous fait souvent rêver d'une autre identité, plus proche de celle des Californiens que de celle des Suédois ou des Norvégiens. C'était d'autant plus évident mercredi, lorsque les dignitaires présents ont fait référence à Rome et à Barcelone, deux villes aussi familières avec la neige que Montréal l'est avec les palmiers.

Montréal est une ville nordique, on doit absolument en tenir compte dans la planification urbaine de la Ville ainsi que dans l'aménagement des places publiques.

Il faut intégrer la neige et le froid dans cette future place publique.

Premièrement, en réalisant le projet, évoqué mercredi, d'une patinoire réfrigérée. C'est une excellente idée. Une patinoire ouverte d'octobre à avril attirerait les Montréalais.

Ensuite, prévoyons une animation au gré des saisons : à l'Halloween, un bal costumé en plein air. À Noël, un immense sapin et un marché d'hiver. En tout temps d'octobre à avril : des vendeurs de marrons chauds, des terrasses chauffées où les Montréalais, grosses couvertures de laine sur les genoux, renoueraient enfin avec leur nordicité en sirotant un verre de vin ou de cidre chaud.

On le fait à Lake Placid ainsi que sur la terrasse Dufferin, à Québec, et dans les deux cas, c'est magique. Montréal doit, à son tour, devenir une ville où on profite de l'hiver.

Il n'y a aucun doute que la place du Quartier des spectacles deviendra une des «signatures» fortes de Montréal. Animée hiver comme été, elle peut devenir incontournable, autant pour les Montréalais que pour les touristes. N'est-ce pas ce que nous voulons?

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion