Le ministre Yves Bolduc qui soupçonne certains chirurgiens de garder de longues listes d'attente pour opérer leurs patients au privé. Une clinique privée dans l'embarras avec la RAMQ parce qu'elle demande jusqu'à 17 000$ de frais afférents pour une chirurgie d'un jour dont les honoraires médicaux sont couverts par le régime public. Deux controverses, un même diagnostic: Québec doit mieux encadrer les cliniques privées affiliées au réseau public.

Dans ces 41 cliniques privées affiliées, les honoraires des médecins sont payés par la RAMQ mais les autres dépenses afférentes (ex: équipement médical, infirmière, etc.) sont assumées par les patients (Il y a aussi 10 cliniques purement privées qui opèrent à l'extérieur de la RAMQ, mais c'est un autre débat). Comme c'est l'État qui amène des patients aux cliniques privées affiliées par l'entremise des listes d'attente des chirurgiens dans le public, c'est sa responsabilité de s'assurer que les frais demandés par les cliniques privées soient raisonnables.

La loi permet de faire payer le patient essentiellement pour des médicaments, des agents anesthésiques et des services administratifs. Comme le suggérait le rapport Chicoine, Québec et les médecins spécialistes doivent mettre cette liste à jour et établir des tarifs qui représentent les dépenses réelles d'une chirurgie en cabinet privé. Le flou actuel ne sert personne, surtout pas les patients qui doivent débourser des sommes considérables sans véritables bases de comparaison.

Clarifier la situation pour éviter les abus est une chose. Diminuer les listes d'attente en est une autre. À ce chapitre, force est d'admettre que la situation s'est améliorée récemment. De 2008-09 à 2011-12, le temps d'attente moyen pour les chirurgies d'un jour a diminué de 9,0 à 8,4 semaines et le nombre de chirurgies est passé de 388 006 à environ 460 000 (estimation pour 2011-12), soit une hausse d'environ 19% en trois ans.

Évidemment, il y a (amplement) place à l'amélioration. Selon un rapport récent du ministère de la Santé, 20% des salles d'opération sont fermées. Depuis quelques années, Québec a changé les règles de financement des hôpitaux pour récompenser les plus productifs. Cette tendance doit aller en s'accélérant. Les taux d'occupation et d'annulation des salles d'opération devraient notamment être rendus publics pour tous les hôpitaux.

Une fois que le réseau public fonctionnera au maximum, le gouvernement devra avoir l'honnêteté de répondre à la question suivante: jusqu'où veut-il payer pour diminuer les listes d'attente? Veut-il inciter les hôpitaux à louer les salles de chirurgie d'une clinique privée et acquitter l'ensemble de la facture (comme l'hôpital Sacré-Coeur le fait avec le Centre de chirurgie Rockland)? Veut-il une garantie d'accès blindée le forçant à payer la chirurgie au privé après six mois d'attente au public (actuellement, c'est un recours théorique de dernier ressort)?

Toutes ces solutions ont un dénominateur commun: de l'argent neuf. Une denrée rare autant à Québec, où la santé représente déjà 47% du budget, qu'à Ottawa, dont les transferts en santé aux provinces augmenteront de 4% au lieu de 6% par année à compter de 2018.

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