L’éditorial de Stéphanie Grammond sur le système de santé publié le 24 juillet, « Avant que l’armée débarque aux urgences », a suscité de nombreux commentaires des lecteurs. Voici un aperçu des courriels reçus.

Lisez l’éditorial

Pas juste de 8 h à 16 h

Enfin quelqu’un qui ose dire aux infirmières que la santé, ce n’est pas juste de 8 h à 16 h du lundi au vendredi ! Excellente idée que tous se partagent les quarts de travail. Quand tu choisis de travailler en santé, au service des citoyens, tu dois accepter de travailler la nuit, le soir, les week-ends ! Et, comme vous dites, pas toujours les mêmes ! Il faut faire du chemin avec cette idée et surtout sensibiliser les jeunes qui choisissent ce métier à plus d’altruisme !

Lucie Patenaude

Partager la rémunération

Je pense qu’il faut partager équitablement la rémunération en diminuant le salaire (pardon, les honoraires de « travailleurs autonomes ») des médecins pour les redistribuer aux infirmières. Vous allez ainsi régler le problème de rétention.

Robert Cloutier, Saint-Jean-sur-Richelieu

Un éclairage nouveau

C’est plutôt curieux d’apprendre que le Québec a plus d’infirmières que l’Ontario et la Colombie-Britannique. Je pense aussi que nous avons davantage de personnel administratif en santé qu’ailleurs au pays, peut-être que ça explique pourquoi le personnel soignant est si mal géré ! Apparemment, dans les hôpitaux anglophones de Montréal la rétention du personnel et la gestion des quarts de travail sont meilleures que du côté francophone ? Pilez sur votre orgueil et allez voir comment ces hôpitaux procèdent, ça permettrait d’ajouter un éclairage nouveau à ce problème qui perdure.

Hugues Beauregard

Récolter ce que l’on sème

C’est bien beau toutes ces doléances, mais jamais vous ne parlez de salaire ! Pourquoi pensez-vous que les infirmières quittent le Québec pour travailler en Ontario ou ailleurs ? À cause du salaire plus élevé pour les mêmes heures travaillées. Le gouvernement a tout donné aux médecins et a négligé le salaire des infirmières depuis des décennies, voyez le résultat aujourd’hui. Et les conditions de travail sont exécrables depuis aussi longtemps, etc.

En 2000, j’ai pris ma retraite anticipée à cause du temps supplémentaire obligatoire. Je n’avais pas la santé pour faire des 16 heures de 16 h le soir à 8 h le matin ! Ce n’est pas d’hier que cela fonctionne comme ça ! Depuis plus de 20 ans !

Le gouvernement récolte ce qu’il a semé. Aura-t-il le courage d’agir en fonction de l’attraction des infirmières en leur offrant ce qu’il y a de meilleur ou en ne faisant que semblant de les reconnaître à leur juste valeur ? Nous verrons le résultat de la réflexion du ministre Dubé promis à la fin de l’été. Les infirmières tiennent à bout de bras ce réseau déconnecté de la réalité, nous sommes rendus à un point de non-retour. Il en va de la vie ou de la mort des usagers.

Francine Roy

Les deux solitudes

Il vaudrait la peine de comparer le mode de gestion des heures travaillées des hôpitaux anglophones avec celui des hôpitaux francophones. Vous auriez probablement la surprise de découvrir des modes de gestion bien différents et tout aussi québécois.

Jacques C. Plante

Et le syndicat ?

Vous présentez bien la problématique et les solutions possibles. Mais est-ce que le syndicat est prêt à travailler à cette amélioration de la qualité de travail ?

Claire Labrecque

Qui parle des infirmières praticiennes ?

Le recours aux infirmières praticiennes qui peuvent examiner et prescrire pour tous les cas mineurs est bloqué par le Collège des médecins… Elles pourraient pratiquer dans les CLSC… et débloquer les urgences de tous les cas mineurs, mais importants. Qui en parle ?

Joanne Déziel, infirmière retraitée

Meilleure gestion en milieu anglophone

Tout est vrai dans ce que vous écrivez, Mme Grammond, pour y avoir goûté en début de carrière. Mais depuis 12 ans, je travaille dans un grand hôpital de Montréal en milieu anglophone. J’y travaille à temps plein, une fin de semaine sur deux, sur des horaires de 12 heures en rotation… sans jamais de temps supplémentaire. Jamais. Le gestionnaire est très près de ses équipes, en mode de gestion top-down et down-up. Il y a une excellente collaboration entre tous les membres de l’équipe médicale, incluant médecins, patrons, résidents et infirmières. Oui, il faut s’adapter, mais jamais je ne retournerai dans un hôpital francophone.

Melissa Barbier

Le problème des agences

J’ai toujours pensé qu’au moment où il manquera de pompiers dans les villes, je me partirais une agence de pompiers que j’irais recruter dans les casernes en leur disant que dorénavant, s’ils viennent travailler pour moi à l’agence, ils pourront désormais prendre leur horaire en main et choisir les journées qu’ils voudront bien travailler.

Du coup, je vais créer une pénurie dans les casernes, les villes n’ayant pas le choix me contacteront et je leur enverrai des pompiers.

Les pompiers vont choisir leurs heures de travail, leurs journées également, et rarement de nuit ou de fin de semaine.

Ils choisiront également leurs vacances, car ils ne seront pas obligés de donner de disponibilités… le bonheur, quoi.

Eh bien, c’est exactement comme cela que fonctionnent les agences d’infirmières.

On dirait que les infirmiers et infirmières n’ont jamais réalisé que c’est un travail qui vous obligera à travailler autant de nuit que de jour que de fin de semaine et lors des jours fériés.

Ce serait peut-être une bonne idée que pendant leur formation, ils soient mis au courant…

Tant que les agences ne seront pas soumises aux mêmes contraintes que les autres, le problème ne sera jamais réglé.

En attendant, j’attends patiemment le début de la pénurie de pompiers afin que je démarre mon agence.

Yvon Roy