Le début de la saison de ski de fond a été difficile : dans le sud de la province, notamment, la neige est apparue brièvement avant de disparaître. Pendant plusieurs semaines, les fondeurs ont tristement regardé le gazon en rêvant à une blancheur étincelante.

« Nous avons identifié le manque de neige, les perturbations climatiques, comme étant le risque numéro un pour notre activité, affirme Claude Alexandre Carpentier, directeur général de Ski de fond Québec. C’est dans notre plan stratégique depuis 2019. »

Le phénomène touche davantage certaines régions. C’est ainsi qu’au début de janvier, il n’y avait pas de neige au sud du fleuve Saint-Laurent alors qu’au nord, on pouvait trouver de belles conditions pour la pratique du sport.

« L’organisme Ouranos prévoit que si les perturbations climatiques continuent comme ça, il ne restera plus que quatre week-ends skiables par année en Montérégie d’ici 2030, note M. Carpentier. C’est vraiment demain matin. On se penche sur des solutions. »

Parmi celles-ci, on trouve la fabrication de la neige et son emmagasinage. Évidemment, ces solutions visent d’abord les sites où peuvent se dérouler des compétitions. « C’est par là qu’on commence, mais les fondeurs dits récréatifs vont en profiter, les fondeurs sportifs qui ne font pas nécessairement de la compétition », indique M. Carpentier.

Ski de fond Québec a ciblé trois régions où il faudrait implanter des systèmes de fabrication de neige artificielle : l’Outaouais, Montréal-Laurentides et Québec.

À Gatineau, le club Nakkertok est déjà équipé pour faire de la neige artificielle. Ça nous a permis de présenter notre première Coupe Québec en décembre dernier. C’était un circuit de 2,5 km qui était entièrement fait de neige artificielle. À côté, le gazon était vert.

Alexandre Carpentier, directeur général de Ski de fond Québec

Selon les années, le circuit Nakkertrak peut ouvrir à la mi-novembre et fermer le 1er avril.

Dans les Laurentides, Sommets Morin-Heights et Ski de fond Morin-Heights font équipe pour enneiger un circuit de 2,5 km en début de saison. Cela a permis au club de ski de fond Fondeurs Laurentides d’organiser sa course Invitation première neige au début du mois de décembre.

« Le maillon qui nous manque, c’est le Mont Sainte-Anne », déplore M. Carpentier.

En fait, la situation a carrément régressé dans la grande région de Québec. « Avant, on pouvait se rabattre sur la forêt Montmorency, qui faisait de l’entreposage de neige, raconte M. Carpentier. L’Université Laval a cessé cette pratique il y a deux ans et cette année, la pratique du ski de fond n’est simplement plus possible à cet endroit. »

L’institution a bloqué l’accès au territoire parce que « la forêt Montmorency est un laboratoire de recherche et d’enseignement ». C’était un secteur très prisé. Des fondeurs du Québec, de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick et des États de la Nouvelle-Angleterre s’y rendaient en grand nombre pour y amorcer plus tôt leur saison.

M. Carpentier estime que l’enneigement artificiel est une bonne stratégie pour contrer le manque de neige. « Les canons à neige sont maintenant assez performants pour faire de la neige jusqu’à 8 °C. C’est quand même intéressant. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Fabrication de neige au parc Arthur-Therrien de Verdun

Mais c’est coûteux : on parle de 85 000 à 100 000 $ pour un canon à neige, et il en faut au moins deux par site.

L’entreposage de neige est une autre solution : il s’agit de protéger de gros monticules de neige pendant la saison chaude pour la redistribuer sur les sentiers à la fin de l’automne.

Une jeune entreprise québécoise, Glacies, a développé des membranes composées de matériel recyclé (du polystyrène et du polyuréthane) pour protéger les monticules de neige contre le soleil et la chaleur. L’ensemble du processus de production et d’emmagasinage peut cependant être coûteux.

« En Europe, des entreprises comme Snowsecure ont des technologies comparables, ça fonctionne bien, indique Maxim Bergeron, président-directeur général de Glacies. Mais le ski, dans certains pays européens, c’est une tradition. Les gens sont prêts à payer très cher pour commencer leur sport national tôt. Ici, le marché n’est pas prêt pour ça. »

À la forêt Montmorency, on utilisait tout bonnement des copeaux de bois pour protéger la neige. « Ça isole super bien et c’est assez écologique », souligne M. Carpentier.

Le raccourcissement de la saison de ski de fond va peut-être inciter d’autres centres de ski à examiner ces solutions. « C’est juste une question de temps », croit Maxim Bergeron.

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