Devant cet hiver qui s’étiole, on se prend à rêver de froidure, de Grand Nord, d’Arctique. Certains font plus que rêver, ils planifient furieusement leur prochaine aventure. C’est le cas de Nicolas Roulx, d’Expédition AKOR.

En 2021, il a traversé tout le Canada du nord au sud avec Guillaume Moreau, une expédition de 7600 kilomètres en ski, en canot et à vélo. Cinq partenaires se sont joints à eux pour certaines sections.

Nicolas Roulx remet ça en 2024, mais pour une traversée d’ouest en est qui se déroulera entièrement au nord du 60e parallèle. Avec Catherine Chagnon, il traversera ainsi le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut à vélo, en canot, en voilier et en randonnée pédestre. Guillaume Moreau et d’autres amis feront avec eux certaines sections du trajet total de 6500 kilomètres.

Le départ est pour bientôt : le 21 avril.

« Au fil des années, on a appris à marier différents sports, à joindre différentes étapes d’expédition avec des transitions, déclare Nicolas Roulx. Ce qui nous intéresse, c’est le défi logistique, d’une part, mais c’est aussi la diversité qui fait en sorte qu’on ne peut pas vraiment se tanner. »

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’EXPÉDITION AKOR

Le trajet de l’expédition de Nicolas Roulx et de Catherine Chagnon cette année

Ces transitions vont probablement constituer le principal défi de l’expédition. Après trois mois de canotage à travers les Territoires du Nord-Ouest, l’équipe a rendez-vous à Baker Lake, au Nunavut, avec le voilier Anorak, parti de Québec cinq semaines auparavant.

C’est littéralement deux expéditions. Il peut tellement se passer des choses en canot et en voilier qui nous retardent, ça fait beaucoup d’occasions pour des imprévus.

Nicolas Roulx

Le voilier doit naviguer par la suite jusqu’à la terre de Baffin, où les aventuriers effectueront la traversée à pied du parc national Auyuittuq.

L’Arctique continue à susciter la fascination.

« C’est très vaste, très diversifié, affirme Nicolas Roulx. Il y a plusieurs nords : le Yukon, ce n’est pas comme les Territoires du Nord-Ouest, ce n’est pas comme le Nunavut. Ce sont des cultures différentes, des économies différentes, des langages différents, des paysages et des écosystèmes qui varient beaucoup. »

PHOTO DAVID DÉSILETS, TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE SAMUEL LALANDE-MARKON

Samuel Lalande-Markon lors d’une expédition précédente en canot

Les terres nordiques fascinent également Samuel Lalande-Markon. À l’hiver 2023, il a traversé le Québec du sud au nord à vélo et en skis avec Simon-Pierre Goneau, une expédition de 2725 kilomètres.

À l’été, il veut relier Whitehorse, au Yukon, à Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest, à vélo et en canot. Il entend surtout suivre le fameux sentier Canol, un ancien chemin militaire qui exige des vélos très résistants et des petits radeaux gonflables de style packraft pour traverser les cours d’eau.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE SAMUEL LALANDE-MARKON

Le trajet de Samuel Lalande-Markon. Le trait orange montre le trajet à vélo et le trait bleu, le trajet en canot.

« C’est une route très endommagée qui, éventuellement, ne se fera plus à vélo, explique Samuel Lalande-Markon. On en profite pendant que c’est encore possible. »

La réalisatrice de documentaire Marie France L’Ecuyer sera de la partie. De son côté, Félix-Antoine Tremblay rejoindra l’équipe au début du sentier Canol Trail après avoir parcouru 7000 kilomètres sur des routes isolées, en passant notamment par La Ronge, en Saskatchewan, et Yellowknife.

La petite équipe pagaiera par la suite sur le fleuve Mackenzie avant de reprendre les vélos à Tsiigehtchic pour rouler sur la Dempster Highway jusqu’à Inuvik, puis Tuktoyaktuk.

Ce qui m’attirait, c’était vraiment la Canol Trail. Ça a une aura assez mythique. On a voulu bonifier l’expérience avec le Mackenzie. Ce n’est pas un groupe de super canoteurs, donc on ne voulait pas embarquer dans quelque chose de trop capoté.

Samuel Lalande-Markon

Samuel Lalande-Markon vient de conclure une petite expédition hivernale avec Marie France L’Ecuyer sur le lac Mistassini, histoire de s’entraîner un peu.

« C’est le plus grand lac naturel au Québec, c’est un lac mythique du territoire cri qui est aussi central dans l’occupation du territoire par les Canadiens français. »

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’EXPÉDITION MAÎTRE SENTIER INNU-MONTAGNAIS

Rémi Cloutier et Julien Roy-Plourde avant leur départ

Deux autres aventuriers viennent aussi de se frotter au territoire québécois. Rémi Cloutier et Julien Roy-Plourde ont entrepris de parcourir un trajet mythique entre Québec et le lac Saint-Jean, le maître-sentier Innu-Montagnais.

Il y a des milliers d’humains qui sont passés là dans les derniers siècles, mais ce n’est pas aménagé, ce n’est pas un sentier dans le sens où on l’entend. C’est plutôt un tracé sur une carte.

Julien Roy-Plourde

L’aventurier Sébastien Lapierre a tenté de le parcourir il y a quelques années, mais les conditions l’ont forcé à abandonner : les cours d’eau qu’il espérait emprunter n’étaient pas suffisamment gelés pour permettre le passage.

Les conditions météorologiques ont finalement eu raison de cette nouvelle tentative. Après la pluie, une période de gel a transformé les vêtements et l’équipement de Rémi Cloutier et de Julien Roy-Plourde en « véritables blocs de glaces ».

« Nous prenons la décision de mettre fin à l’expédition car de retourner s’exposer au froid augmenterait trop le risque d’engelures, relatent les aventuriers. Quel intérêt y a-t-il de terminer une expédition, si c’est pour ne pas pas pouvoir en commencer une autre ? »

Suggestion vidéo

Cappadoce sous la neige

Sur son vélo de montagne, l’Écossais Kriss Kyle roule dans une Cappadoce féerique.

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Le chiffre de la semaine

15

C’est le nombre de chants différents de la mésange à tête noire, un brave petit oiseau qui a passé tout l’hiver avec nous.