Plusieurs animaux demeurent actifs l’hiver. Mais leur vie n’est pas facile et ils n’ont certainement pas envie que des humains les embêtent en s’approchant d’un peu trop près. Le problème, c’est que souvent, les amateurs de plein air ont de bonnes intentions et ne savent pas qu’ils importunent la faune hivernale.

« Les animaux font face à un triple défi en hiver, explique Marc-André Villard, biologiste à la SEPAQ. Il y a d’abord le froid, qui cause une perte de chaleur. Pour compenser ça, les animaux doivent se nourrir, mais la nourriture est plus rare pour beaucoup d’espèces. »

Pour les herbivores, bien sûr, mais aussi pour les insectivores.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La mésange à tête noire a fort à faire pour trouver de la nourriture pendant l’hiver.

« Pour eux, il n’y a pratiquement pas de nourriture. Par exemple, les seuls insectes que les mésanges vont être capables de trouver se retrouvent dans des anfractuosités, dans l’écorce. »

L’autre grand défi, c’est la mobilité réduite.

On pense a un chevreuil, par exemple, qui n’est pas vraiment adapté pour la neige épaisse. Même un orignal va défoncer dans la neige. Il faut vraiment qu’ils choisissent des sites d’hivernage où il y a beaucoup de nourriture et où il n’y a pas trop de risques de prédation.

Marc-André Villard, biologiste à la SEPAQ

Le danger, c’est que la présence d’humains peut forcer l’animal à se déplacer.

« C’est une grosse perte d’énergie et ils peuvent se retrouver dans des habitats qui sont moins propices, soit parce qu’il y a plus de prédateurs, soit parce qu’il y a moins de nourriture », déclare Marc-André Villard.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Les caribous doivent prendre garde aux prédateurs.

Pour s’éloigner, les grands cervidés auront tendance à emprunter les chemins et les sentiers bien tapés plutôt que de s’engager dans la neige épaisse.

« Le mauvais réflexe à avoir, c’est de suivre l’animal, affirme Marc-André Valiquette, écologiste au parc national de La Mauricie. Ça peut sembler féerique, la proximité d’un animal, mais lui, il est sur le stress, il dépense beaucoup d’énergie, il est en train de s’éloigner de l’endroit où il avait prévu passer l’hiver ou les prochains jours. Il y a des comportements comme ça qui peuvent sembler anodins, mais qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur la faune. »

Adopter les bons comportements

La bonne chose à faire en voyant un animal, c’est de s’arrêter, d’observer son comportement et de lui donner de l’espace. Pour la grande faune, on parle d’une distance d’une cinquantaine de mètres. Ça peut être l’occasion de sortir les jumelles et de prendre une pause pour manger une collation et donner ainsi une bonne longueur d’avance à l’animal.

« Je fais de la randonnée moi-même, note M. Valiquette. Je sais que ce n’est pas facile de rebrousser chemin, même si ça pourrait être plus sage, surtout si les conditions d’enneigement sont très difficiles pour l’animal. »

Marc-André Villard a fait une revue de la littérature scientifique sur le sujet. On y constate que les activités prévisibles dérangent moins la faune. Par « prévisible », on parle de trafic le long de sentiers bien établis, qu’il soit question de raquettes, de ski de fond ou de motoneige.

« C’est lorsque c’est imprévu, comme des skieurs hors-piste, que c’est plus dommageable. Mais est-ce qu’il faut arrêter le ski hors-piste ? Il ne faut pas virer fou non plus. »

Le gestionnaire du site peut alors jouer un rôle de prévention en identifiant et en interdisant les zones où il y a des orignaux ou des caribous qui s’installent pour l’hiver.

Pour protéger la faune en hiver, les amateurs de plein air doivent également éviter de nourrir les animaux, soit directement, soit en laissant traîner des déchets.

Le nourrissage d’herbivores comme les ongulés, c’est hors de question, ça cause une dépendance. De plus, la nourriture que les gens leur donnent n’est pas nutritive.

Marc-André Villard, biologiste à la SEPAQ

Les animaux et les oiseaux risquent de perdre leur crainte naturelle face à l’humain et d’établir un lien direct entre lui et la nourriture.

« Le comportement de recherche alimentaire de l’animal devient de plus en plus agressif face à l’homme, soutient Marc-André Valiquette. Il va aller quémander la nourriture, percer les sacs à dos. »

Les oiseaux peuvent aller manger dans la main des gens.

« Ça fait de belles photos, mais encore là, c’est un comportement aberrant », affirme M. Valiquette.

Bientôt, ces mêmes oiseaux feront des vols furtifs pour arracher un bout de sandwich des mains du randonneur.

« Le nourrissage, c’est un comportement à éviter pour que les animaux sachent se débrouiller par eux-mêmes, pour qu’ils continuent à se nourrir sans apport externe », déclare-t-il.

Suggestion de vidéo

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Le chiffre de la semaine

25 %

Le cerf de Virginie peut perdre jusqu’à 25 % de son poids pendant la saison hivernale sans que cela menace sa survie.

Source : ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs