Maxime Jean a réussi un défi d’envergure en foulant le sommet du mont Everest en 2004. Il doit maintenant s’attaquer à une série d’autres défis qui pourraient se révéler tout aussi laborieux, comme assurer aux pêcheurs un accès aux plans d’eau et favoriser un partage équitable du territoire entre les chasseurs et les autres usagers de la forêt.

Maxime Jean est le nouveau directeur général de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP). Son parcours est pour le moins atypique.

« J’ai fait un baccalauréat en administration des affaires, j’ai commencé comme directeur de compte entreprise chez Desjardins, raconte-t-il. Puis, je suis allé gravir une montagne, le mont Everest, et ça a un peu changé ma vie, parce que je ne suis jamais retourné banquier. »

Il s’était préparé de façon intensive pendant deux ans pour l’Everest. Mais il avait aussi une vingtaine d’années d’expérience en escalade, il faisait énormément de randonnée et du camping d’hiver « avec les moyens du bord » : il couchait avec son « habit de neige » dans un sac de couchage d’été.

Pour lui, l’Everest était un rêve de jeunesse. « Mes héros, c’était des gens qui allaient gravir des montagnes. J’avais le goût d’aller voir si j’avais leur étoffe. »

À son retour de l’Everest, il écrit un livre et réalise un film sur son expérience. Il donne des conférences, notamment dans les écoles et aux Grands Explorateurs.

PHOTO FOURNIE PAR MAXIME JEAN

Maxime Jean devant le K2

Puis, il s’attaque au K2, deuxième sommet du monde, mais beaucoup plus difficile et dangereux que l’Everest. Une pneumonie le stoppe sur le flanc de la montagne.

« Ça m’a probablement sauvé la vie, commente Maxime Jean. Il y a huit personnes qui ont atteint le sommet cette année-là, mais quatre ne sont jamais revenues. »

L’expérience a donné lieu à une autre série de ciné-conférences. En 11 ans, il aura ainsi donné 1100 conférences.

J’étais toujours parti. Avec trois enfants, je ne voulais pas qu’ils se demandent ‟c’est qui ce monsieur ?” quand je rentrais à la maison. Je me suis dit qu’il était temps de faire autre chose de plus normal.

Maxime Jean

Retrouver la chasse

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La cohabitation entre les chasseurs et les autres amateurs de plein air se déroule généralement bien. Mais il faut continuer à promouvoir la courtoisie.

Il a donc commencé à diriger des organisations de développement régional. Jusqu’à ce que son fils de 21 ans lui demande de l’amener à la chasse. « J’avais chassé quand j’étais jeune, on avait un camp de chasse dans Bellechasse, mais ça faisait plus de 20 ans, voire 30 ans, que je n’étais pas allé à la chasse. Il fallait que je rafraîchisse mes connaissances. »

Il a donc suivi une formation avec son fils et il a redécouvert la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs. Puis, le poste de directeur général s’est ouvert.

C’était un moment où je voulais faire autre chose que du développement économique, mais sans perdre les acquis appris dans mon travail. J’ai vu l’emploi à la fédération, j’ai sauté à pieds joints dedans et me voilà assis dans la chaise.

Maxime Jean

Il voit son rôle comme un chef d’orchestre. « Les gens de mon équipe jouent tous pas mal mieux que moi de leurs instruments, ce qui est merveilleux. Il me reste juste à les faire jouer en harmonie. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’accès aux plans d’eau est de plus en plus difficile pour les pêcheurs.

Maxime Jean est encore en train de se familiariser avec les dossiers de la fédération, mais il dégage quelques priorités, comme les accès aux plans d’eau.

« De plus en plus, les lacs sont enclavés, ce qui fait que monsieur et madame Tout-le-Monde n’y ont pas accès. Ce n’est pas un dossier simple, parce qu’il y a beaucoup d’intervenants. »

Une autre priorité est le partage du territoire entre les chasseurs et les autres usagers. « Généralement, ça se passe bien, mais il y a des cas d’exception. Ce sont eux qui font la manchette. »

La fédération participe à une campagne de courtoisie qui implique d’autres acteurs du plein air. Des randonneurs peuvent déplorer que certains sentiers soient fermés pendant la saison de la chasse. D’un autre côté, l’irruption de randonneurs bruyants peut indisposer des chasseurs à l’affût.

C’est une question d’éducation. Il y a toujours moyen d’expliquer les choses plutôt que de faire des reproches. Quant à la fermeture de sentiers, la saison est plutôt courte. Pendant ce temps-là, ça vaut la peine d’en profiter pour découvrir d’autres sentiers.

Maxime Jean

Maxime Jean admet que parfois, la haute montagne lui manque.

« Mais quand je me rappelle à quel point c’était dur, je me dis que de faire du plein air ici, et de rentrer le soir à la maison ou au chalet, c’est bien agréable. »

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