Bien que le ski de fond demeure un sport populaire, les réseaux de sentiers ne sont pas en croissance, bien au contraire. C’est notamment pour cette raison que Godefroy Bilodeau est passé à l’action lorsque l’Université Laval a fermé le centre de ski de fond de la forêt Montmorency, tout à côté de la réserve faunique des Laurentides, en 2020.

Il a conclu des ententes pour rouvrir des sentiers pendant trois périodes précises, dont les mois de novembre et de décembre 2023. Au grand plaisir des fondeurs. Ainsi, le 30 décembre dernier a été une journée record.

« Il n’y a jamais eu autant de monde que ça pour une activité à la forêt Montmorency, se réjouit M. Bilodeau. Il y a eu quelque chose comme 1400 personnes qui sont venues nous visiter. »

Godefroy Bilodeau est entraîneur-chef de l’équipe de ski de fond Rouge et Or de l’Université Laval. Il a lui-même fait de la compétition dans sa jeunesse. Mais surtout, il connaît le bonheur de visiter des sites différents, de parcourir telle ou telle piste.

Malheureusement, le réseau de ski de fond au Québec, ça rapetisse. Il y a des petits morceaux qu’on perd chaque année. Oups, telle côte, on ne la fait plus. Tel morceau de piste, on ne le fait plus.

Godefroy Bilodeau, entraîneur-chef de l’équipe de ski de fond Rouge et Or de l’Université Laval

Il affirme qu’il ne se fait plus vraiment de développement de sites de ski de fond. « Ce qui fait que ce qui a été bâti dans les années 1970 et 1980, il faut le défendre, il faut le garder vivant. Une de mes motivations, c’est de protéger le territoire skiable que j’ai tant aimé. »

Comme la forêt Montmorency.

PHOTO FOURNIE PAR GODEFROY BILODEAU

Godefroy Bilodeau a travaillé d’arrache-pied pour offrir de belles conditions aux fondeurs en dépit d’un hiver tardif.

L’Université Laval utilise ce site comme forêt d’enseignement et de recherche en vertu d’une entente conclue avec le gouvernement du Québec en 1964. Pendant des années, les skieurs et les raquetteurs ont pu profiter des infrastructures de la forêt pour pratiquer leur sport favori. De nombreuses équipes de ski de fond de compétition avaient également l’habitude d’y commencer leur saison d’entraînement.

« Il y avait vraiment une vision intégrée du territoire », affirme M. Bilodeau.

En octobre 2020, l’Université Laval a annoncé que dorénavant, seules les activités d’enseignement et de recherche seraient permises. En plus d’affliger les amateurs de ski et de raquette, cela compliquait sérieusement l’entraînement des fondeurs d’élite.

« Ils m’ont dit que si je voulais faire des pistes pour mes jeunes, il n’y avait pas de trouble, ils allaient me louer la machine, se rappelle Godefroy Bilodeau. J’ai fait un beau réseau de ski pour ma quinzaine d’athlètes. »

Il a récidivé la saison suivante, mais en ouvrant les pistes à tous les fondeurs et en offrant l’hébergement. L’Université Laval n’a toutefois pas renouvelé cette entente à l’automne 2022, notamment parce que de la machinerie lourde devait emprunter les sentiers pendant l’hiver pour un projet de recherche et parce que les infrastructures devenaient trop vieillissantes.

Plus de 11 000 amateurs de plein air ont signé une pétition pour demander à l’Université de revenir sur cette décision.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Les infrastructures de la forêt Montmorency, comme le pavillon d’hébergement, auraient besoin d’investissements.

C’est ainsi que Godefroy Bilodeau a pu conclure une nouvelle entente pour la fin de 2023. Il n’était pas possible d’offrir de l’hébergement, mais M. Bilodeau a quand même pu ouvrir une petite partie du pavillon de la forêt Montmorency pour accueillir les fondeurs et les raquetteurs. La saison s’est déroulée de la mi-novembre au 31 décembre.

Il a choisi d’offrir une courte saison parce que typiquement, l’achalandage diminue de façon considérable à la forêt Montmorency après le 1er janvier. Avec l’hiver qui s’installe partout, les skieurs se dirigent alors vers des centres de ski de fond plus près de chez eux.

Godefroy Bilodeau est très heureux de la réponse des amateurs de ski pendant cette période. Heureux, mais quelque peu épuisé.

Imaginez, je n’ai pas skié une seule fois sur mes pistes. J’ai une famille, j’ai trois enfants, il y avait toujours plus prioritaire que de prendre du temps pour moi. Mais je ne peux pas me plaindre, les gens étaient reconnaissants.

Godefroy Bilodeau, entraîneur-chef de l’équipe de ski de fond Rouge et Or de l’Université Laval

Avec le succès de la saison, il espère renouveler l’entente avec l’Université Laval en 2024.

« Nos rencontres de bilan ne sont pas encore faites, on va faire ça dans les prochaines semaines, déclare-t-il. Je pense que c’est positif. »

Effectivement, l’Université Laval prévoit lancer un appel d’intérêt « pour la suite des activités récréotouristiques » sur la base des bilans des trois projets pilotes.

« Cet appel d’intérêt n’inclura pas d’offre de logement, à court terme, compte tenu de l’état de vétusté des infrastructures disponibles à la forêt Montmorency », fait toutefois savoir le porte-parole de l’Université Laval, Simon La Terreur.

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Un p’tit saut

Le skieur français Candide Thovex exécute un tout petit saut (!) à Tignes, dans les Alpes.

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Chiffre de la semaine 

65 %

Pendant l’hiver, 65 % de l’eau contenue dans le petit corps de la grenouille des bois gèle. Au printemps, ce frogsicle dégèle et reprend sa vie normale.

Source : ministère québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs