Malgré les stationnements vides, les patinoires et les pistes de ski détrempées, résultat de deux journées consécutives de chaleur record au Québec, plusieurs centres de glisse refusent de baisser les bras dans les Laurentides, à quelques jours de la semaine de relâche.

La pluie tombe dru mercredi matin, à 9 h, mais la station de ski Sommet Saint-Sauveur est bel et bien ouverte. Quelques skieurs téméraires enfilent leurs bottes à l’abri, dans leurs voitures stationnées.

« C’est dead », résume, au bas d’une pente, un jeune gardien de parc, à propos de l’achalandage du jour.

À quelques jours du début de la relâche scolaire à Montréal, alors que l’avenir à court terme de nombreuses activités hivernales semble menacé par des records de chaleur dans le sud du Québec, le portrait est sombre.

Mais pour certains comme Hélène Bretaudeau, il s’agit d’une occasion en or de profiter des pistes quasi désertes et de l’attente inexistante au bas des pistes. « La première descente, je l’ai trouvée dure, mais on réussit à tirer notre épingle du jeu », explique la skieuse détentrice d’un abonnement de saison.

Malgré cette météo morose, le Sommet Saint-Sauveur peut d’ailleurs se vanter d’avoir connu l’achalandage d’un hiver typique, explique, à côté du remonte-pente, le directeur du marketing de la station, Christian Dufour.

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Christian Dufour, directeur du marketing du Sommet Saint-Sauveur

C’est sûr qu’on va avoir besoin de belles semaines de relâche pour bien terminer. Mais jusqu’ici, bien que l’hiver ait été en dents de scie, ce sont de belles températures pour jouer dehors, donc l’achalandage est quand même au rendez-vous.

Christian Dufour, directeur du marketing du Sommet Saint-Sauveur

M. Dufour est d’ailleurs convaincu que la station pourra rester ouverte jusqu’au mois de mai.

Un exploit attribuable en bonne partie aux canons à neige que la station exploite surtout en début de saison et dont l’importance est vitale, explique Christian Dufour. « Des années comme ça le démontrent. »

Une chance que n’ont pas toutes les stations de ski alpin ou de ski de fond des Laurentides. Plusieurs d’entre elles étaient fermées mercredi, au passage de La Presse.

« C’était annoncé comme l’hécatombe »

À quelques pas de là, aux Glissades des pays d’en haut, quelques rares clients tirent leurs tubes de glisse jusqu’au remonte-pente couvert. « On s’est dit qu’on n’allait pas penser [à la météo], qu’on allait trouver une activité pour être dehors », lance Stéphanie Paradis aux côtés de ses deux enfants, Jennie et Manu, alors que la pluie s’est calmée.

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Stéphanie Paradis avec ses deux enfants aux Glissades des pays d’en haut, mercredi

« C’était annoncé comme l’hécatombe, c’est sûr que la clientèle va se rebuter face à une météo qui rebute », nuance le propriétaire Nicolas Raymond. Car il ajoute avoir eu une « super saison ».

Sauf que là encore, les canons à neige ont été d’une grande aide.

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Nicolas Raymond, propriétaire des Glissades des pays d’en haut

Ça fait peut-être 10 ans qu’on sent que la neige artificielle sauve les meubles, surtout […] en début de saison, mais après ça, quand janvier arrive, la neige est suffisante.

Nicolas Raymond, propriétaire des Glissades des pays d’en haut

Un peu plus au nord, à Val-David, le moral est plus bas au magasin d’articles de sport Roc & Ride, où on loue des skis de fond, de hors-piste et des vélos à pneus surdimensionnés (fatbikes).

« Même si on n’a pas de bonnes conditions, le stock sort quand même, mais rien de comparable à l’hiver dernier, où c’était vraiment incroyable, avec de la neige à toutes les fins de semaine », explique le technicien Russel Duckley.

Derrière, sa collègue travaille sur un vélo, un sport dont la saison s’annonce beaucoup plus longue cette année.

L’emblématique piste de ski de fond du P’tit Train du Nord, qui traverse le village à un jet de pierre de la boutique, est fermée pour la journée. Quelques rares randonneurs s’y aventurent à pied, sous la brume qui s’élève dans l’air en cette douce journée de la fin de février. « Ils vont peut-être rouvrir demain pour la marche et le fatbike, mais pour le ski [de fond], je pense qu’il n’y a plus grand-chose qui va se donner », croit Russel Duckley.

Principal attrait dans le secteur, le parc régional Val-David–Val-Morin était lui aussi fermé mercredi, toujours pour conserver le couvert de neige.

« Chute drastique » à prévoir

Pendant ce temps, plus au sud, de nouveaux records de chaleur ont été établis mercredi à travers le Québec, et ce, pour la deuxième journée consécutive.

Le mercure est passé au-dessus de 13 degrés dans la région de Montréal, alors que la température la plus haute jamais enregistrée à pareille date remontait à 2017, soit 8 degrés. Mardi, le mercure avait atteint 15 degrés dans la métropole, fracassant un autre record historique.

Cette période de redoux inhabituelle devait prendre fin dans la nuit de mercredi à jeudi, à l’approche d’un nouveau front froid. « On peut anticiper une chute drastique des températures », a souligné Jean-Philippe Bégin, météorologue chez Environnement Canada.

Au plus froid, le mercure devrait plonger jusqu’à -12 degrés ce jeudi matin.

Avec Léa Carrier, La Presse