(Ottawa) La ministre de la Santé mentale et des Dépendances du Canada, Ya’ara Saks, a annoncé mardi que le gouvernement fédéral a accepté la demande de la Colombie-Britannique de faire marche arrière sur son projet pilote de trois ans de décriminalisation des drogues dans les lieux publics.
Ce changement prend effet immédiatement, a-t-elle souligné.
« Nous savons que nous devons nous attaquer à la crise des opioïdes et aux décès par surdose. Nous considérons que c’est un problème de santé publique. Il s’agit d’une crise sanitaire et non criminelle », a-t-elle indiqué aux journalistes à Ottawa.
« Cela étant dit, les communautés doivent être sûres, les gens doivent avoir la certitude qu’ils peuvent se déplacer librement et ils doivent se sentir à l’aise dans leur propre communauté », a-t-elle ajouté.
Elle a rejeté l’idée que cette volte-face constituait un aveu d’échec. « C’est la première fois que cela se fait. Comme dans tous les projets pilotes, c’est un processus d’apprentissage. »
La Colombie-Britannique avait demandé à Santé Canada l’année dernière de modifier une exemption autorisant la décriminalisation de petites quantités de drogues comme l’héroïne, le fentanyl, la cocaïne et la méthamphétamine.
Le premier ministre de la province, David Eby, a changé d’idée en raison des inquiétudes du public, du personnel infirmier et de la police. Il a fait part à Ottawa le 26 avril de son désir de criminaliser de nouveau l’usage de ces drogues dans les espaces publics tels que les hôpitaux et les parcs. Le gouvernement Trudeau a acquiescé à sa demande.
Mme Saks s’attend à ce que la police oriente les personnes qui ont besoin d’aide vers des systèmes de soutien appropriés et ne procède à des arrestations que dans les cas extrêmes où la sécurité publique est en danger.
Elle soutient que la décriminalisation n’est qu’un outil politique parmi d’autres pour contrer la crise des surdoses, ajoutant qu’elle est frustrée des efforts du chef conservateur Pierre Poilievre d’en faire une question de politique partisane.
« La décriminalisation vise à garantir que les gens ne soient pas confrontés à la stigmatisation et à ce qu’ils aillent chercher de l’aide. L’opposition a fait de ce sujet un débat déshumanisant pour ceux qui ont réellement besoin d’aide. »
Les policiers pourront « faire preuve de discrétion » et ils devront suivre une formation, a indiqué le ministre de la Sécurité publique de la Colombie-Britannique, Mike Farnworth.
De son côté, M. Poilievre regrette que les libéraux refusent toujours de reconnaître que « leur politique dangereuse a été un échec ».
La possession de ces drogues dans les résidences privées et autres espaces reste décriminalisée.