(Québec) Paul St-Pierre Plamondon veut éviter que Montréal devienne comme Los Angeles une ville où l’itinérance est un enjeu « normalisé ». Devant la crise qui s’aggrave au Québec, le Parti québécois s’éloigne de l’itinérance zéro et préconise plutôt l’approche du Logement d’abord de Houston.

S’il prend le pouvoir en 2026, le Parti québécois promet de placer l’itinérance en haut de la liste de ses priorités et d’en faire un enjeu « transversal » de l’appareil gouvernemental.

« Si on veut vraiment faire reculer l’itinérance au Québec, il va falloir le dire de manière très claire, il va falloir travailler de manière coordonnée sur plein d’axes en même temps », explique en entrevue le chef péquiste. Sa formation dévoile vendredi un plan d’action en cinq axes pour s’attaquer à la crise.

Dix mille personnes se trouvaient en situation d’itinérance visible dans la nuit du 11 octobre 2022, selon le dénombrement publié à l’automne. « L’itinérance a augmenté de 44 % en cinq ans et s’est régionalisée », souligne M. St-Pierre Plamondon, qui se dit particulièrement touché par le phénomène.

« J’avais été hautement critiqué l’année dernière lorsque je parlais d’une crise sociale sans précédent qui s’en venait. Je maintiens que c’est ça qui est en train d’arriver », ajoute le leader péquiste, affirmant ne pas vouloir que Montréal devienne comme Los Angeles une ville où la société « devient indifférente » et normalise la situation.

En septembre, le Parti québécois proposait déjà une série de mesures, comme une hausse de 460 millions par année du financement des organismes communautaires et l’augmentation du nombre de logements sociaux à 5000 par année. La formation politique évoquait aussi à ce moment l’objectif d’atteindre l’itinérance zéro, une vision à laquelle n’adhère pas le gouvernement Legault.

Or, avec la crise qui a pris de l’ampleur, le Parti québécois tempère les attentes : « L’énoncé sera toujours l’itinérance zéro, mais sur combien d’années ? Il faut donner des objectifs aux gens qui donnent le goût d’embarquer et devant la crise du logement et de la toxicomanie, commençons par dire qu’on va renverser la tendance avec un plan commun », nuance M. St-Pierre Plamondon.

Il demeure convaincu qu’éliminer complètement l’itinérance demeure possible au Québec, citant la Finlande, « qui a pratiquement réussi ».

« Je le maintiens, mais quand on regarde Houston, ils ont réussi à baisser l’itinérance [d’environ] 60 %. Donc il ne faut pas non plus promettre l’itinérance zéro, ajoute le chef péquiste, il faut que ce soit l’objectif, mais ce n’est pas vrai qu’à l’année 2, on aura éradiqué l’itinérance, surtout avec les dynamiques sociales qu’on a en ce moment. »

Le modèle de Houston

Le Parti québécois veut maintenant s’inspirer du modèle de la ville texane, où le nombre de sans-abri a chuté de plus de moitié en 10  ans. Le travail coordonné des acteurs du public et du privé a aussi permis à près de 30 000 personnes d’avoir un toit avec son approche du Logement d’abord, comme le rapportait La Presse, qui a visité l’endroit l’automne dernier1.

La grande différence aux yeux du PQ est que leur modèle prévoit la construction de logement social, mais s’assure aussi d’accompagner la clientèle dans sa réinsertion, ce qui fait défaut en ce moment, selon lui.

Le Parti québécois propose donc de relancer de la construction de style AccèsLogis, qui prévoyait l’aménagement de logements pour les personnes en démarche de réintégration sociale. À son engagement d’ajouter 5000 logements par année, la formation y ajoute maintenant la promesse d’ajout de ressources spécialisées en réinsertion. Cette mesure n’est pas encore chiffrée.

C’était d’ailleurs l’esprit de la politique Ensemble pour éviter la rue et en sortir, adoptée par Véronique Hivon en 2014, que la formation veut remettre au goût du jour.

1. Lisez notre reportage « Le remède texan contre l’itinérance »