Comment promouvoir la courtoisie entre les divers utilisateurs du plein air sans se montrer trop moralisateur ? En faisant appel à de chouettes animaux et en adoptant un ton humoristique, bien sûr. C’est ce que fait le Réseau plein air Québec (RPAQ) avec sa nouvelle campagne de sensibilisation « La nature te juge ».

« Au cours des dernières années, il y a eu une grande augmentation de l’achalandage sur les sites de plein air, rappelle Geneviève Désilets, chargée des communications au RPAQ. Il y a plus de cohabitation entre randonneurs, mais aussi entre randonneurs et personnes qui font d’autres activités. Les comportements problématiques se sont multipliés, même si ça reste une minorité. On voulait s’assurer que les gens développent des normes sociales positives pour limiter les frictions. »

Mais voilà, personne n’aime se faire dire quoi faire. Comment faire passer le message sans sermonner ? Après avoir discuté avec divers intervenants, dont des gestionnaires de sites et des directeurs d’organismes de plein air, le RPAQ a choisi un ton humoristique.

« On en est venus à la conclusion que c’est un enjeu d’éducation et que l’éducation, ça passait toujours mieux avec un message positif, un message humoristique qui ne se veut pas moralisateur. »

Personne ne veut se sentir jugé.

  • Réjean le raton laveur, lorsqu’il désapprouve notre comportement. Et le même Réjean lorsqu’il est content.

    PHOTO TIRÉE DE LA CAMPAGNE « LA NATURE TE JUGE ».

    Réjean le raton laveur, lorsqu’il désapprouve notre comportement. Et le même Réjean lorsqu’il est content.

  • Un cardinal rouge un peu découragé.

    PHOTO TIRÉE DE LA CAMPAGNE « LA NATURE TE JUGE ».

    Un cardinal rouge un peu découragé.

  • Un phoque un peu las.

    PHOTO TIRÉE DE LA CAMPAGNE « LA NATURE TE JUGE ».

    Un phoque un peu las.

  • Un harfang des neiges participe à une campagne de sensibilisation à la courtoisie.

    PHOTO TIRÉE DE LA CAMPAGNE « LA NATURE TE JUGE »

    Un harfang des neiges participe à une campagne de sensibilisation à la courtoisie.

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Le jugement, ça passe mieux quand ça vient d’un raton laveur qui s’appelle Réjean que quand ça vient d’un être humain.

Geneviève Désilets, chargée des communications au RPAQ

Le fameux Réjean, donc, est la tête d’affiche de la campagne « La nature te juge », qui se déroule du 22 janvier au 29 février, notamment sur les réseaux sociaux. Il se fait épauler par d’autres animaux, comme un harfang des neiges ou un renard, qui affichent un regard réprobateur ou simplement découragé devant des comportements peu courtois.

On voit ainsi la photo d’une loutre qui semble se boucher les oreilles avec les pattes, accompagnée de ce message : « MOI, quand tu imposes du Céline à tout le monde sur le lac ».

Il y a aussi un cerf de Virginie pas très content avec ces mots : « MOI, quand tu dépasses quelqu’un dans le sentier sans l’avertir ».

Le RPAQ a orchestré la campagne avec 22 partenaires, dont des fédérations de sport de plein air, les parcs régionaux du Québec et les pourvoiries. Les sports motorisés sont de la partie, avec la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec et la Fédération québécoise des clubs quads.

Les relations ne sont pas toujours au beau fixe entre les amateurs de sports motorisés et les randonneurs et les skieurs ; un rapprochement est donc le bienvenu.

La campagne comprend un quiz sur les comportements à adopter. Il n’est pas très difficile, mais susceptible de provoquer le sourire. C’est ainsi qu’on demande ce qu’il faut faire si un adepte de vélo de montagne rencontre une personne à cheval dans un sentier. Ralentir ? Foncer ? Ou poliment demander si on peut échanger le vélo pour son cheval ?

D’autres questions sont plus embêtantes : que faut-il faire lorsqu’on rencontre une autre personne en montée sur un sentier étroit ? Ou lorsqu’il y a des skieurs qui sont plus bas que soi en ski de montagne ?

En plus de proposer ce jeu-questionnaire et un petit concours, la page web de la campagne comprend un guide de courtoisie pour les différents sports, qu’ils soient motorisés ou non. Pour le ski de fond, on parle notamment du contrôle de la vitesse et de l’importance de signaler ses intentions. Dans la section sur l’escalade de glace, on aborde la question des conditions d’accès aux sites. Pour la motoneige et le quad, on insiste notamment sur le respect de la propriété privée. Aux chasseurs, on rappelle la nécessité de partager le territoire.

Des liens dans chaque section donnent accès à des informations supplémentaires, notamment dans les sites des diverses fédérations.

Le RPAQ pourra revenir sur cette campagne à l’occasion de sa participation au Salon Aventure et Plein air, qui se tiendra à Montréal les 23 et 24 mars prochains.

Selon Geneviève Désilets, les premières réactions sont positives. « Autant nos partenaires que d’autres organismes nationaux de plein air trouvent que la campagne est le fun, que le message passe facilement et que visuellement, ça attire l’attention. »

La campagne de sensibilisation à la courtoise sera de retour pour un volet estival « avec de nouveaux animaux, de nouvelles couleurs, de nouveaux exemples, un nouveau quiz et un nouveau prix ».

Consultez le site de La nature te juge

Suggestion de vidéo

Lacs d’Alaska

L’automne dernier, les conditions ont été idéales pour patiner sur les lacs d’Alaska. Luc Mehl, instructeur spécialisé dans la gestion de risque en plein air, a fait cette vidéo.

Regardez la vidéo au complet

Le chiffre de la semaine

320 mètres

C’est la profondeur du lac Manicouagan, au fond du réservoir du même nom. Le lac naturel le plus profond du Québec demeure le lac Walker, avec une profondeur de 280 mètres.