Se trouver au sommet d’une montagne pour observer l’éclipse du 8 avril, ça peut sembler une bonne idée. En fait, les amateurs de plein air devraient plutôt regarder du côté des terrains marécageux ou des champs.

« C’est dans les milieux ouverts, surtout les marais, qu’il y a de l’action », déclare Marc-André Villard, biologiste à la SEPAQ.

Visuellement parlant, l’éclipse totale du 8 avril prochain devrait être spectaculaire. Or, l’aspect sonore pourrait être fascinant en pleine nature. Comment vont réagir les oiseaux, les batraciens ? Est-ce qu’un grand silence s’installera ? Ou faut-il s’attendre au contraire à un méchant vacarme ?

« Le seul problème, c’est le timing, indique M. Villard. La date n’est pas idéale, l’heure non plus. Relativement peu d’oiseaux seront de retour en forêt et l’activité de chant est généralement très réduite en milieu d’après-midi. »

D’où l’idée de se tourner vers les milieux ouverts, comme les champs et les marais. Marc-André Villard explique qu’au printemps, lorsque tout dégèle, les rainettes crucifères sont les premières à se manifester. Or, cette année, le printemps est plutôt hâtif.

« En pleine saison, quand tout est dégelé et que toutes les rainettes d’un marais font un vacarme, c’est spectaculaire, affirme-t-il. C’est facile alors de voir si le chant des rainettes cesse. »

Patrick Paré, biologiste et directeur de l’équipe Conservation et recherche du zoo de Granby, note que la grenouille des bois est aussi active au début d’avril.

« Qui sait, en plein milieu de l’après-midi, elle pourrait se mettre à chanter davantage avec la noirceur, avance-t-il. Ça serait à vérifier. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Le carouge à épaulettes est de retour après l’hiver. Comment réagira-t-il à l’éclipse ?

Quelques oiseaux du printemps ont amorcé leur retour, comme les carouges à épaulettes, les quiscales et les bruants, qui affectionnent les champs et les marais, fait savoir Marc-André Villard. Ça tombe bien, ce sont des oiseaux particulièrement vocaux. Le long cri strident du carouge est toujours un des premiers signes du printemps. Il reste à savoir comment il réagira avec la soudaine obscurité.

Beaucoup d’oiseaux qui préfèrent les endroits boisés, comme les grives et les parulines, ne sont pas encore revenus.

Par contre, on peut se mettre à l’écoute des oiseaux nocturnes, comme la chouette rayée ou le grand-duc. Vont-ils se mettre à hululer avec l’arrivée de l’obscurité ?

Il reste que pour bien voir toutes les étapes de l’éclipse, il faut se trouver dans un endroit bien dégagé. Ce qui est loin d’être garanti dans la nature québécoise, avec ses forêts bien épaisses. Même si les feuillus seront encore dénudés au début d’avril, il y aura assez de branches pour obstruer la vue.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Il est tentant de visiter un sommet pour observer l’éclipse du 8 avril.

On peut chercher un sommet dénudé, mais ils ne sont pas si nombreux que ça dans les régions québécoises qui seront traversées par l’éclipse, soit la Montérégie, les Cantons-de-l’Est et Chaudière-Appalaches. On peut s’attendre à ce qu’ils soient pris d’assaut. Forêt Hereford, par exemple, a organisé une randonnée spéciale pour observer l’éclipse au sommet du mont Hereford, situé au beau milieu de la trajectoire de l’éclipse. Cette activité spéciale est complète depuis déjà plusieurs semaines. C’est aussi le cas pour les randonnées au Parc des sommets de Bromont.

Il sera également impossible de visiter le parc national du Mont-Mégantic si on n’a pas déjà obtenu un des précieux laissez-passer qui se sont envolés comme des petits pains chauds.

Il faut aussi prendre en considération le fait que la saison de la boue sera probablement commencée au début avril.

Les sentiers sont particulièrement vulnérables pendant la période de dégel et pour éviter des dommages trop importants, plusieurs gestionnaires ferment l’accès aux sentiers.

Il faudra donc consulter les sites internet et les pages Facebook des divers gestionnaires de sentiers. Et réserver rapidement si le site exige un droit d’accès.

Les Adirondacks, dans le nord de l’État de New York, seront également pile-poil sur le trajet de l’éclipse. Les sommets dénudés y sont nombreux, mais les sentiers des Adirondacks sont réputés pour être particulièrement boueux en cette saison. Le site touristique de Lake Placid déconseille carrément les randonnées vers les hauts sommets pour observer l’éclipse.

« La météo printanière peut impliquer de la neige, de la glace, et même une combinaison des trois », écrit-on.

Les stationnements au départ des sentiers, déjà insuffisants en temps normal, risquent de déborder.

Les pagayeurs d’expérience pourraient avoir envie de se positionner au centre d’un plan d’eau. La prudence est de mise : à ce temps-ci de l’année, l’eau est glaciale. Il ne faudrait surtout pas tomber à la renverse…

Suggestion vidéo

Blancheur

Encore un peu de ski avant la saison du vélo. Ici, les géants de l’Alaska.

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Le chiffre de la semaine

115

C’est le nombre d’espèces de parulines dans le monde. On en trouverait 29 qui nichent au Québec.