L’avalanche qui a emporté trois motoneigistes à la fin de mars a rappelé l’importance de la sécurité en terrain avalancheux. Elle a également mis en lumière le travail d’Avalanche Québec et son rôle dans la prévision de ces évènements.

L’équipe d’Avalanche Québec doit examiner minutieusement le manteau neigeux pour rédiger ses bulletins, mais elle doit aussi scruter la météo. Elle a subi un sérieux revers en décembre 2022 lorsqu’une tempête a détruit une station météo au sommet des Mines Madeleine, à 1150 mètres d’altitude, dans les Chic-Chocs.

« La station météo était déjà passablement givrée, ce qui alourdit la structure, raconte Dominic Boucher, directeur général d’Avalanche Québec. Il y a eu une pointe de vent à 180 km/h. Et après ça, silence radio. Quand on a été capables de remonter dans ce secteur quelques jours plus tard, on a découvert la station par terre, une perte totale. Il n’y a rien qu’on a pu récupérer. »

L’équipe d’Avalanche Québec a dû faire appel à des partenaires, comme le ministère de l’Éducation, la MRC de la Haute-Gaspésie, Nergica, l’Université de Sherbrooke et la SEPAQ, pour financer et construire une nouvelle station météo plus robuste et mieux adaptée aux conditions extrêmes du sommet des Mines Madeleine. Elle a notamment mis en place un petit conteneur qui facilitera la vie de ceux qui viennent entretenir la station.

PHOTO FOURNIE PAR AVALANCHE QUÉBEC

Givre sur la nouvelle station météo

« Avant, il fallait grimper dans la structure, ouvrir le boîtier à l’extérieur, se rappelle M. Boucher. Parfois, on était avec l’ordinateur, au grand vent, dans la neige, pour essayer de faire les mises à jour. Maintenant, à l’intérieur, ce n’est pas chaud, on n’a pas mis de chauffage, mais au moins, ça coupe le vent. »

Pour préparer ses prévisions, Avalanche Québec compte sur trois stations météo, dont deux lui appartiennent. La troisième est la propriété du ministère québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Elle est située en vallée, derrière le gîte du Mont-Albert, à environ 250 mètres d’altitude.

L’une des stations d’Avalanche Québec est située à peu près à mi-montagne, à 650 mètres d’altitude, dans le secteur du mont Ernest-Laforce. La troisième est la station des Mines Madeleine.

« L’idée de les avoir réparties selon les différentes bandes d’altitude, c’est de savoir ce qui se passe aux endroits critiques en montagne », explique M. Boucher.

Et maintenant avec les changements climatiques, en plein milieu de saison où il y a de la pluie en vallée, on peut mieux cerner la limite entre la pluie et la neige en altitude et savoir si ça s’accumule.

Dominic Boucher, directeur général d’Avalanche Québec

Il est également essentiel de pouvoir compter sur des stations qui peuvent bien capter la neige qui tombe dans le secteur.

« Là où est la station du sommet des Mines, même après une tempête de 40 à 50 centimètres, il n’y a pas de neige au sol, tout est venté, explique M. Boucher. Alors que la station du mont Ernest-Laforce et celle du gîte du Mont-Albert sont assez bien protégées des vents, on est capables de suivre les accumulations de neige. »

PHOTO FOURNIE PAR AVALANCHE QUÉBEC

La prévision d’avalanches demande beaucoup de travail et d’expertise.

Il est très important de mesurer les vents et les accumulations de neige pour évaluer la formation de plaques à vent sur les pentes, la cause principale d’avalanches dans les Chic-Chocs.

« Une plaque à vent, c’est une accumulation de neige transportée par le vent qui va se déposer dans des secteurs abrités », explique Dominic Boucher.

On pense notamment à la zone située tout juste sous la bordure du sommet. L’accumulation peut y être de trois à cinq fois supérieure à la quantité de neige qui tombe.

« Si on enregistre en vallée 10 cm de nouvelle neige, on peut avoir des plaques de 30 à 50 cm d’épaisseur, donc c’est vraiment important pour nous de suivre ces plaques, indique M. Boucher. Si cette neige un peu durcie a le malheur de reposer sur une couche de neige plus faible, comme de la poudreuse ou une neige transformée, il peut s’agir d’un seul skieur qui passe pour que ça s’affaisse et que ça déclenche l’avalanche. »

Heureusement, les utilisateurs, qu’il s’agisse de skieurs, de raquetteurs ou de motoneigistes, sont de plus en plus sensibilisés à ce danger, et les formations de sécurité en avalanche sont très recherchées.

« C’est un très bon signe, on est contents de voir les chiffres d’année en année », souligne Dominic Boucher.

Il note que de nombreux groupes (clubs ou amis) exigent maintenant que les nouveaux membres suivent une formation et se procurent l’équipement nécessaire.

« De plus en plus, ce qu’on voit, c’est des gens bien équipés qui préparent leurs journées, qui savent ce qu’ils font. Bien sûr, il y a toujours des gens qu’on n’arrive pas à rejoindre, mais maintenant, c’est l’exception. »

Suggestion de vidéo

Non

Un skieur décide de ne pas descendre un corridor escarpé. Probablement une bonne décision.

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Chiffre de la semaine

1012

C’est le nombre de personnes qui ont suivi une formation en sécurité d’avalanches au Québec pendant la saison 2022-2023.