(San Antonio) Les modèles historiques, pourtant, étaient bien clairs. C’est au Texas qu’on devait trouver les meilleures conditions pour observer l’éclipse solaire.

Des passionnés québécois d’astronomie avaient planifié un petit périple dans cet État du sud des États-Unis pour s’assurer d’un beau ciel bleu. C’est bien connu qu’au Québec, en avril, le ciel est souvent chagrin. Mais cette fois-ci, le Texas ne semble pas vouloir tenir ses promesses. Au point d’amener des Québécois à modifier leurs plans.

« Je devais observer l’éclipse à Sulphur Springs, raconte Pierre Arpin. J’étais parti, mais j’ai rebroussé chemin à Syracuse [État de New York] quand j’ai constaté que tous les modèles météo prévoyaient de gros nuages pour le Texas et du temps clément pour ici. Je vais sans doute l’observer tout près de chez moi. »

Pour sa part, Philippe Moussette devait se rendre à Terrell, situé à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Dallas.

« Comme plusieurs Québécois, j’ai annulé mon voyage au Texas puisque les prévisions météo étaient exécrables pour cette journée », fait-il savoir.

Il vise maintenant la région de Lac-Mégantic.

Voyage astral contre vents et marées

Plusieurs chasseurs d’éclipse américains ont quand même maintenu leurs plans de voyage, comme Luke et Liz Demaree, de Kansas City, rencontrés à l’aérogare de l’aéroport international de San Antonio, tous deux vêtus d’un beau t-shirt illustrant l’éclipse du 8 avril.

« Ce sera notre troisième éclipse, indique M. Demaree. J’ai vu la première en 1979, alors que j’étais dans un club d’astronomie. »

C’est après avoir bien étudié les modèles météo qu’il a choisi la petite ville de Fredericksburg, à une heure de route de San Antonio, pour observer celle du 8 avril. Il se montre quand même philosophe devant les mauvaises prévisions météo.

« Au pire, on va s’amuser. »

Lorsque des chasseurs d’éclipse se rencontrent à San Antonio, ils parlent immanquablement de météo. Martin et Sarah Tapay, rencontrés devant la vieille (et très belle) cathédrale de San Fernando, ne font pas exception.

Martin Tapay est un ancien pilote, il s’y connaît donc en météo. Jusqu’à la dernière minute lundi matin, il entend potasser des cartes spécialisées pour le secteur aérien, extrêmement précises en ce qui concerne les courants en altitude.

Ils viennent de San Jose et ont décidé de profiter de l’occasion pour visiter San Antonio.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Liz et Martin Tapay.

« Nous sommes ici depuis quelques jours, le ciel a toujours été totalement découvert, très bleu, se lamente M. Tapay. Je ne peux pas croire que tout va se couvrir ! »

Il est prêt à faire bien de la route pour trouver un bout de ciel bleu à l’heure fatidique.

« La dernière fois, nous étions en Idaho. Nous nous sommes arrêtés à une cabane de patates frites pour regarder l’éclipse. Nous pourrions faire quelque chose de semblable cette fois-ci. »

Avec de la chance, la météo pourrait changer. Ce qui est ennuyeux, c’est que depuis près d’une semaine, les prévisions pour la journée de l’éclipse n’ont pas changé d’un iota. Ou si peu.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jason, barista chez San Antonio Gold, un café de San Antonio

« Il ne faut pas s’en faire, réplique Jason, le sympathique barista du café Gold, dans le quartier Southtown. Les prévisions ici ne sont vraiment pas fiables. Personnellement, je ne me fie qu’aux prévisions du matin même. »

Les grands préparatifs

Les villes texanes placées sur la trajectoire de l’éclipse continuent quand même de se préparer pour accueillir des milliers de chasseurs d’éclipse. Un peu comme Montréal, San Antonio est situé à la marge de la zone de totalité. Des évènements sont quand même prévus dans divers endroits, notamment au nord-ouest de la ville, mais également dans les divers parcs de la ville. On parle ici de la Fiesta del Sol.

Les panneaux lumineux au-dessus des autoroutes rappellent que la circulation risque d’être intense le jour de l’éclipse. On suggère aux gens de partir tôt, de rester bien tranquilles pendant la journée (la totalité de l’éclipse est prévue autour de 13 h 30) et de revenir tard.

Fredericksburg, qui se trouve exactement au centre de la zone de totalité, a fait les choses en grand pour accueillir les chasseurs d’éclipse. Pour les médias, elle a prévu des espaces de travail avec WiFi, cantines et tout ce qui est nécessaire pour garder les journalistes heureux.

Elle a un autre atout dans sa manche. Reconnue pour ses innombrables boutiques d’artisanat et ses centaines de petits gîtes touristiques, la communauté de 10 000 habitants est au cœur de la principale région vinicole du Texas. Si un ciel couvert gâche la fête, les visiteurs sauront bien se consoler en s’organisant une petite visite des vignobles.