(Junction, Texas) Les nuages ont tenté d’éclipser l’éclipse, à Junction, au Texas. Heureusement, ils n’ont que très partiellement réussi.

Un grand nombre de chasseurs d’éclipse avaient choisi de se déplacer au Texas pour observer l’évènement parce que les données historiques laissaient prévoir du beau temps ensoleillé. Toutefois, dans les derniers jours, la météo a plutôt laissé présager un ciel uniformément couvert et des précipitations possiblement importantes.

Les chasseurs d’éclipse ont donc passé les dernières heures avant l’évènement à étudier les plus récentes prévisions. À la toute dernière minute, plusieurs ont opté pour Junction, une petite agglomération d’un peu plus de 4000 habitants, parce que les prévisions y étaient un peu moins chagrines, soit une couverture nuageuse de « seulement » 57 %.

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La petite ville de Junction, au Texas, s'est faite accueillante pour les chasseurs d’éclipse.

La petite localité s’est faite accueillante. Dans un petit parc au cœur de la ville, on a installé un kiosque d’information avec bouteilles d’eau et lunettes gratuites. On a également prévu un petit ensemble de musique country, un jeu de poches et des kiosques pour vendre de la salsa et des confitures confectionnées par des fermières de la région. À 9 h 30 du matin, soit quatre bonnes heures avant le début de l’éclipse totale, il y a déjà un petit air de fête.

Les amateurs sérieux ont toutefois choisi de s’installer dans le parc municipal sur le bord de la rivière Llano, un endroit calme, avec quelques arbres (pas trop, pour ne pas cacher la vue) et deux grands nichoirs de martinets quelque peu bruyants.

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Plusieurs personnes souhaitant observer l’éclipse ont opté pour Junction, une petite agglomération d’un peu plus de 4000 habitants.

« Ce sera intéressant de voir ce qu’ils feront pendant l’éclipse », indique Vladimir Voder, qui a fait le long trajet à partir de Boston avec le club d’astronomie local pour assister à l’évènement. Il raconte qu’il a assisté à une éclipse dans son pays d’origine, l’ancienne Yougoslavie, en 1962, et qu’il a observé les poulets aller se coucher une fois l’obscurité installée.

Le club d’astronomie d’Atlanta est aussi sur place, avec des télescopes de tous genres et de toutes tailles. Plusieurs personnes ont fixé des filtres à leurs jumelles avec les moyens du bord. Les instruments ont un peu l’aspect de bricolages de maternelle, mais ils fonctionnent.

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Le club d’astronomie d’Atlanta était aussi sur place, avec des télescopes de tous genres et de toutes tailles.

Course avec les nuages

Il fait plutôt beau, chaud, mais tous savent que les nuages ne sont pas loin. En fait, ces derniers sont au-dessus des autres sites qu’ils avaient considérés.

La Lune commence à gruger le bord du Soleil vers 12 h 14. Tous se précipitent vers leurs lunettes spéciales. Mais une éclipse, c’est un long processus. La Lune ne progresse que lentement, très lentement. Et les nuages progressent plus vite.

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La Lune gruge le bord du Soleil.

À deux heures de route au sud-ouest de Junction, Martin Tapay, ancien pilote d’avion, se déplace en voiture en suivant le ciel bleu dans le but de trouver un site avec une vue dégagée.

« En tant que pilote de carrière, je n’avais jamais vu à quelle vitesse les nuages ont fait la course avec nous pour effacer tout le bleu », déplore-t-il.

À Junction, les nuages commencent à s’installer alors que doit débuter bientôt la période de totalité. Les chasseurs d’éclipse protestent, essaient de souffler sur les nuages ou de les éloigner en agitant la main. Sans aucun succès, évidemment.

C’est une lutte entre le mince croissant de Soleil et les nuages. Les observateurs se réjouissent lorsque le Soleil se fait voir à travers un trou dans les nuages, et s’indignent lorsqu’il disparaît. Malheureusement, un gros nuage arrive tout juste au moment où la période de totalité doit débuter.

Avec la totalité arrive le crépuscule. On le voit progresser à partir de l’ouest, passer au-dessus du pont qui enjambe la rivière Llano, s’installer.

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Avec la période de totalité arrive le crépuscule.

Les martinets ne bougent plus du perchoir et baissent sérieusement le volume. On n’entend plus qu’un chant peu convaincu ici et là.

Trois minutes qui passent trop vite

Et puis, bonheur, les observateurs voient pointer à travers un trou dans les nuages le Soleil totalement obscurci par la Lune : on ne voit que la couronne de feu autour d’un grand rond noir. Les photographes s’affairent, tendus, alors que ceux qui ne font que regarder le spectacle s’enthousiasment.

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Le Soleil totalement obscurci par la Lune

On entend les mêmes cris de joie de l’autre côté de la rivière, dans un terrain de camping où d’autres observateurs se sont installés.

Les trois minutes de totalité passent trop vite, une étrange aurore prend la place du crépuscule. Et puis, une petite éclaircie, le Soleil revient, un croissant qui se remet tranquillement à grandir.

Les chasseurs d’éclipse regardent les photos qu’ils ont captées. Compte tenu des prévisions des derniers jours, le fait d’avoir une seule bonne photo les réjouit. Plusieurs ne s’attendaient pas à grand-chose.

La plupart prennent les choses avec philosophie. Vladimir Voder et Ben Myers s’apprêtent à faire le long chemin du retour vers Boston, une affaire d’une semaine. Ils racontent avoir visité plusieurs sites pendant l’aller, comme la Skyline Trail en Virginie, Nashville, le centre spatial de la NASA à Houston, et ainsi de suite.

« On commence à se préparer pour la prochaine éclipse, en Espagne », lance Ben Myers.

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  • 3 minutes 9 secondes
    Durée de l’éclipse totale à Junction, au Texas