Mon équipe de l’année ? Les Alouettes. Mon dirigeant de l’année ? Danny Maciocia. Mon joueur « coup de tonnerre » de l’année ? Marc-Antoine Dequoy.

Oui, les Alouettes occupent tout mon podium 2023. Je ne l’aurais jamais pensé il y a 12 mois, quand l’avenir de l’équipe alimentait la chronique.

En raison de cette incertitude, Maciocia n’a pas lutté à armes égales avec ses homologues en construisant sa formation. Un virage s’est produit avec l’achat du club par Pierre Karl Péladeau, qui a eu la bonne idée d’en confier la présidence à Mark Weightman.

Maciocia et Weightman se connaissent depuis plus de 25 ans. Ils rêvaient de combiner leurs forces pour ramener la coupe Grey à Montréal. L’ancien gérant de baseball Leo Durocher disait que « les bons gars finissent derniers », un dicton passé à l’histoire.

Maciocia et Weightman nous démontrent que c’est faux. Parfois, les bons gars finissent premiers et donnent un élan de fierté à leur ville.

Les Alouettes ont gagné grâce à du jeu spectaculaire en séries éliminatoires. Les matchs contre les Argonauts de Toronto et les Blue Bombers de Winnipeg nous ont tenus sur le bout de nos sièges. Et le cri du cœur de Dequoy après la conquête de la Coupe Grey – « Gardez-le, votre anglais ! » – fait désormais partie de notre folklore sportif. De l’émotion pure, une éclaircie dans le ciel sombre de novembre.

Le sport nous réserve parfois des histoires magiques.

Le Québec qui gagne, ce sont aussi les Remparts au hockey junior. Guidés par Patrick Roy, ils ont survolé le tournoi de la Coupe Memorial, pulvérisant les Thunderbirds de Seattle en finale par le score sans appel de 5-0.

Le Québec qui gagne, ce sont aussi les Carabins de l’Université de Montréal qui, leur quart-arrière Jonathan Sénécal en tête, ont remporté la Coupe Vanier.

Le Québec qui gagne, c’est aussi le Canadien qui… oups, pardon, il faudra encore attendre quelques années, je le crains, avant de compléter cette phrase.

La continuité caractérise aussi l’année 2023… pour le meilleur et pour le pire.

Comme d’habitude, Novak Djokovic a dominé le tennis masculin.

Comme d’habitude, Patrick Mahomes et les Chiefs de Kansas City ont participé au Super Bowl (trois fois en quatre ans, deux victoires).

Comme d’habitude, le Paris Saint-Germain a déçu ses partisans malgré sa collection de stars.

Comme d’habitude, les Oilers d’Edmonton ont flanché en séries même s’ils alignent deux des meilleurs joueurs au monde.

Comme d’habitude, le CF Montréal/Impact a congédié son entraîneur-chef après la saison.

Là où on constate du nouveau – et 2023 confirme cette tendance –, c’est au basketball. D’abord, l’équipe masculine canadienne s’est qualifiée pour les Jeux olympiques de Paris, une première depuis 2000. Et attention, ce groupe bataillera pour une place sur le podium. Shai Gilgeous-Alexander, récemment nommé athlète de l’année au Canada, fait partie de l’élite mondiale.

Ensuite, des joueurs québécois confirment leur immense talent dans la NBA : Chris Boucher avec les Raptors de Toronto, Bennedict Mathurin avec les Pacers de l’Indiana et, bien sûr, Luguentz Dort avec le Thunder d’Oklahoma City. On a eu droit à un beau moment, en octobre dernier, quand Dort a salué la foule du Centre Bell avant un match préparatoire de son équipe.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Luguentz Dort

Du nouveau aussi au hockey féminin. La ligue professionnelle amorcera bientôt sa première saison. Bravo à Danièle Sauvageau, Marie-Philip Poulin, Mélodie Daoust et toutes celles qui se sont battues pour concrétiser ce projet. Il leur a fallu une persévérance hors du commun.

En 2015, le Comité international olympique (CIO) a reçu une claque en plein visage. Seules deux villes ont signifié leur intérêt pour organiser les Jeux d’hiver de 2022, Pékin et… Almaty, au Kazakhstan. La capitale chinoise a hérité de leur présentation presque par défaut.

À l’époque, la question d’actualité était : « Qui veut des Jeux olympiques ? » Les citoyens de nombreuses villes, par référendum ou sondage, ont exprimé leur opposition à une candidature : Oslo, Stockholm, Cracovie, Davos/Saint-Moritz, Budapest, Munich… Au Canada, Québec et Calgary ont étudié le projet sans y donner suite. Bref, les démocraties occidentales ne voulaient plus des Jeux.

Le vent a tourné en 2017 quand le CIO a eu la bonne idée d’attribuer en même temps les Jeux d’été de Paris (2024) et de Los Angeles (2028). Le processus historique de lutte entre villes candidates a été écarté au profit d’un « dialogue » avec les villes intéressées, de manière à diminuer les coûts de la phase préliminaire. Brisbane, en Australie, a ensuite été choisie pour les Jeux de 2032.

PHOTO BRENDAN MCDERMID, ARCHIVES REUTERS

Le président du Comité international olympique, Thomas Bach

Le problème demeurait cependant entier pour les Jeux d’hiver. Mais voilà que des pays ont montré leur intérêt. Le CIO a sauté sur l’occasion et annoncé le mois dernier son intention d’attribuer ceux de 2030 à la région des Alpes françaises, ceux de 2034 à Salt Lake City et ceux de 2038 à la Suisse. Les deux premiers dossiers seront finalisés en juillet prochain. Pour la Suisse, du travail reste à faire.

En repensant son modèle de sélection, le CIO a joué une carte gagnante. L’initiative lui a permis de régler un de ses deux problèmes cruciaux avec les Jeux d’hiver, trouver des villes voulant les accueillir. Il lui faudra maintenant composer avec l’impact des changements climatiques sur leur tenue.

La valse des millions s’est poursuivie dans le sport professionnel. Shohei Ohtani a obtenu 700 millions US des Dodgers de Los Angeles et Jon Rahm, au moins 300 millions US de LIV Golf. Au football et au basketball, des contrats annuels de plus de 50 millions US ont été consentis à plusieurs vedettes.

Chez nous, c’est un montant relativement modeste – de 5 à 7 millions CAN – qui aura frappé l’imagination. Le gouvernement Legault a investi cette somme pour convaincre les Kings de Los Angeles de disputer deux matchs préparatoires à Québec l’automne prochain.

Dans un contexte où l’inflation fait ses ravages et où les employés se battent pour améliorer leurs conditions de travail, l’affaire a provoqué – avec raison – un immense tollé. Il s’agit, et de loin, de la plus grande bourde liée au sport au Québec en 2023.

Demain : dix prédictions pour 2024