« On sait qu’on n’a pas joué une bonne game. Regarde nos cinq, six derniers matchs. C’est la pire game qu’on a jouée, mais on gagne le match. C’est une ligue comique, des fois. »

Ainsi s’est exprimé l’entraîneur-chef Martin St-Louis, mardi soir, après le gain du Canadien contre les Coyotes de l’Arizona. Des propos justes. Rationnels. Lucides. Vaincre à l’arraché une formation qui a perdu ses 13 dernières parties n’a rien de glorieux. Or, dans cette rencontre imparfaite, il y a quand même eu du positif.

Les attaquants de soutien ont produit.

Joel Armia et Tanner Pearson ont tous les deux inscrit un but. Rien d’exceptionnel, me direz-vous. J’en conviens. Sauf que chez le Canadien, un doublé par des attaquants qui ne jouent pas aux côtés de Nick Suzuki, c’est malheureusement devenu digne de mention. La preuve ? Ça ne s’était produit qu’une seule fois en février. C’était lors de la victoire contre les Ducks d’Anaheim.

Depuis un mois, derrière le trio de Suzuki, c’est une mer calme. Des fois, il y a une onde. Une petite vaguelette. L’eau monte jusqu’à la mi-cheville. Mais jamais rien de menaçant. D’ailleurs, pendant cette période, Suzuki a marqué plus de buts (10) que TOUS les attaquants des autres trios réunis (9).

Voilà en grande partie pourquoi le Canadien n’atteindra pas son objectif de disputer des parties significatives en mars.

Ces contre-performances match après match, semaine après semaine, m’inquiètent. C’est que la plupart des attaquants sous-productifs ont des contrats pour encore plusieurs saisons, et sont presque impossibles à échanger.

Jetons ensemble un coup d’œil à la formation.

Les chiffres ci-dessous proviennent de l’algorithme du site Evolving Hockey. Attendez, attendez, ne fermez pas l’écran. Restez ici. Je vous promets que ce sera simple.

Le robot mâchouille plusieurs statistiques offensives et défensives, en tenant compte notamment du temps de jeu et des circonstances (supériorité numérique ou forces égales, par exemple). Il compare ensuite les données recueillies à celles des autres joueurs de la LNH. À la fin, ça donne une note. Un percentile. Ça va de 1 (Isaak Phillips) à 99 (Connor McDavid).

On peut débattre de la formule et de ses nombreuses équations jusqu’à la prochaine Coupe Stanley du Canadien, si vous le désirez. Ces algorithmes sont tous perfectibles. Mais dans l’ensemble, je dois reconnaître que celui-ci, basé sur le concept de la production par rapport à un joueur de remplacement (goals above replacement), passe le test de l’œil.

Quelles sont les notes des attaquants du Canadien ?

Cole Caufield (71) – Nick Suzuki (89) – Juraj Slafkovsky (42)

Joshua Roy (ND) – Alex Newhook (41) – Joel Armia (65)

Brendan Gallagher (12) – Jake Evans (10) – Josh Anderson (2)

Tanner Pearson (6) – Colin White (ND) – Jesse Ylönen (16)

Les réservistes et les blessés ? Michael Pezzetta (31), Rafaël Harvey-Pinard (30) et Christian Dvorak (8).

Traduction, s’il vous plaît ?

Ça signifie que selon l’algorithme d’Evolving Hockey, seulement une poignée d’attaquants du Canadien se démarquent par rapport aux autres joueurs de la LNH cette saison. Personne ne s’étonnera des notes de Suzuki et Caufield. Mais celles de Slafkovsky et d’Armia ? Il y a une explication.

Le jeune Slovaque excelle pour un joueur de son âge. Il mène sa cohorte de repêchage pour les buts et les points. C’est remarquable. Sauf qu’il a commencé sa saison lentement. Si bien que malgré ses récents succès, malgré aussi un bon temps de jeu et une présence sur la première unité en avantage numérique, il n’arrive qu’au 185e rang des marqueurs de la LNH.

Armia, qui joue moins souvent, le talonne pour les buts, tout en étant supérieur défensivement. L’algorithme d’Evolving Hockey attribue d’ailleurs au Finlandais une sous-note de 98 pour son jeu défensif. Ça le place parmi l’élite des attaquants défensifs de la LNH, ce dont on se doutait déjà, avec son différentiel de 0 au sein d’une équipe de bas de classement.

N’ayez crainte, à court terme, Slafkovsky a tous les atouts pour rejoindre Suzuki et Caufield dans le premier quart de la LNH. Après, les trois comparses devront être mieux appuyés par le reste du groupe d’attaquants, sans quoi ils seront trop exposés aux meilleurs éléments défensifs des autres équipes.

C’est là qu’on réalise l’importance qu’avait un attaquant comme Sean Monahan dans cette formation. Sa présence permettait au Canadien de déployer deux trios menaçants. Ou, du moins, efficaces.

Qui jouera le rôle de Sean Monahan dans les prochaines saisons ? Qui « protégera » le trio de Nick Suzuki ?

Ça pourrait être Kirby Dach. Sa note d’Evolving Hockey, la saison dernière ? 77. À ce niveau, c’est plus qu’un joueur de soutien. C’est un pilier. Or, lorsqu’il reviendra au jeu, l’automne prochain, il n’aura disputé que deux rencontres officielles en 18 mois. C’est peu. La pente risque d’être raide.

Pour sortir de la cave, le Canadien devra retrouver Dach au sommet de sa forme. Développer ses espoirs. Acquérir des renforts. Mais il devra également miser sur de meilleures performances de ses vétérans sous-productifs, surpayés et difficiles à échanger, qui sont encore sous contrat pour plusieurs saisons. C’est possible. Joel Armia, qui a commencé la saison dans les ligues mineures, est maintenant un atout pour Martin St-Louis.

À moyen terme, la progression de l’équipe passe par là.

Deux nouvelles règles dans la LPHF

Oh que j’aime les deux nouvelles règles présentées par la Ligue professionnelle de hockey féminin, mercredi.

La première : les championnes de la saison pourront choisir leurs adversaires au premier tour des séries éliminatoires, parmi les équipes ayant terminé au troisième ou au quatrième rang. Génial pour stimuler une rivalité. Mettez-vous dans les patins des négligées. J’aimerais tellement voir cette règle dans la LNH. Qui choisiriez-vous au premier tour : les Red Wings de Detroit… ou les Maple Leafs de Toronto ?

L’autre règle, encore plus intéressante, vise à empêcher le tanking, cette stratégie qui consiste à couler au classement pour repêcher le plus haut possible. Une plaie. Dans la LPHF, dès qu’une équipe sera mathématiquement éliminée, elle commencera à accumuler des « points de repêchage ». L’équipe avec le plus de points de repêchage, au terme de la saison, obtiendra le premier choix.

C’est certain qu’avec seulement deux clubs exclus des séries ce printemps, le suspense ne nous bouffera pas de l’intérieur. Mais lorsque la ligue élargira ses rangs, ça lui assurera au moins une chose.

Que tous les matchs du mois de mars soient significatifs.

Rectificatif
Dans une première version, il était indiqué que les championnes de la LPHF pourront choisir leurs adversaires parmi les trois autres équipes qualifiées. C’est plutôt entre la troisième et la quatrième équipe au classement.