De 450 $ à plus de 1500 $.

C’est ce qu’il faudra payer au CF Montréal pour obtenir un des derniers billets disponibles pour le match du 11 mai contre l’Inter Miami et Lionel Messi. Des prix qui suscitent l’indignation. Carton rouge, s’époumonent les groupes de supporteurs.

« La section 132 doit rester un endroit pour supporter notre ville et notre équipe, un endroit où nous pouvons afficher nos couleurs et chanter pendant 90 minutes pour l’Impact de Montréal, fait valoir le Collectif/Impact Montréal. Cela doit être le cas en tout temps, que notre club affronte une star internationale ou non. Malheureusement, le prix du billet rend l’accès à ce match impossible pour plusieurs de nos membres qui se déplacent au stade à chaque match, et ce, depuis plusieurs années. »

Même son de cloche d’un autre groupe de partisans, les 1642MTL, qui sont rassemblés derrière l’Étoile du Nord. « Nous comprenons que la situation est unique et que la demande extrême pour les billets justifie une hausse », a déclaré le coordonnateur du groupe, Simon Carignan, dans un communiqué. « Cependant, nous sommes déçus que le club n’ait pas fait un geste de bonne volonté pour offrir des billets à prix raisonnable aux groupes de supporteurs qui ont accompagné l’équipe alors que le stade était parfois à moitié plein. »

Ma réaction ?

Gardez vos cartons rouges dans votre pochette.

Le CF Montréal n’a commis aucune faute.

Les partisans qui « se déplacent au stade à chaque match, depuis plusieurs années », ont eu plusieurs chances de se procurer des billets à prix d’ami pour le match de Messi. Combien de chances ?

Environ 16 000.

Le club a d’abord mis en vente 15 000 abonnements, donnant accès à toutes ses parties locales de la MLS, incluant celle contre l’Inter Miami. Les prix étaient tout à fait raisonnables. Entre 443 $ et 2749 $. Calculette, s’il vous plaît. Ça revient à une fourchette de 26 $ à 161 $ par partie.

Je ne connais pas beaucoup de villes dans le monde où il est possible de voir jouer Lionel Messi pour aussi peu que 26 $. Pensez-y : c’est le coût d’un droit d’entrée pour une visite au Biodôme ou pour le pire siège d’un match du Rocket de Laval, à la Place Bell.

Méchante aubaine.

C’est d’ailleurs ce qu’ont pensé des milliers d’amateurs de soccer. Les abonnements ont tous trouvé preneurs en quelques semaines. Du jamais-vu dans l’histoire de la franchise. Fort de ce succès, le club a mis en vente des forfaits de six parties – incluant celle contre Miami – pour 750 $. Oui, c’est plus cher qu’à l’habitude. Ça fait une moyenne de 125 $ par billet. Ça reste quand même moins cher qu’un billet dans les rouges pour le Canadien. Ces forfaits ont vite trouvé leur public. Le CFM n’a pas précisé combien il en a vendu, mais on peut avancer sans se tromper que ça se compte en centaines, peut-être même plus d’un millier.

Ce qui nous mène à aujourd’hui. Il reste entre 2000 et 3500 billets à écouler. Ce sont ces billets que le CF Montréal vendra au gros prix dans les prochains jours. Une première fenêtre s’ouvrira vendredi matin, pour les abonnés de l’infolettre du club, ainsi que pour les membres qui voudraient acheter des billets supplémentaires. S’il reste encore des billets samedi, ceux-ci seront offerts au grand public.

Il n’y a donc pas d’injustice. Les partisans les plus fidèles ont déjà pu acheter leur billet sans devoir négocier une troisième hypothèque. Les autres ? Si une personne qui se qualifie de fan irréductible du CFM a refusé de payer 450 $ pour pouvoir assister à TOUS les matchs de la saison – incluant celui contre Miami –, pourquoi dépenserait-elle de 500 $ à 1500 $ pour le seul match de Messi ?

...

J’attends la réponse.

Il est vrai que le CF Montréal aurait pu mettre ces billets en vente pour 35 $, comme il le fait lors des visites des Rapids du Colorado ou du Real Salt Lake. Tout comme evenko pourrait exiger le même prix pour un spectacle de Madonna que pour un autre d’Albin de la Simone.

Devinez quoi ?

Ça n’arrivera jamais.

Pourquoi le club le ferait-il ? Pour faire une fleur aux amis de ses abonnés ? Pour permettre aux revendeurs de faire le coup du siècle ? Pourquoi laisser la marge de profit aux intermédiaires plutôt que l’empocher ?

D’ailleurs, il y a plein d’abonnés qui ont déjà flairé la bonne affaire. Mercredi, sur StubHub, il y avait déjà 343 annonces pour des billets du match du 11 mai. Il y en avait même – sacrilège – dans les zones réservées aux supporteurs. Vous désirez assister à la partie avec les 1642MTL, dans la section 114 ? C’est possible. Quatre billets sont affichés, entre 670 $ et 1159 $. Du côté du Collectif, dans la 132, il y en a cinq, entre 486 $ et 1095 $. Dans les sections centrales, il y en a plein au-dessus de 1000 $.

Un supporteur m’a expliqué son raisonnement. « J’ai acheté un abonnement pour 450 $. Si je vends mon billet du match de Messi pour 500 $, c’est comme si on me donnait 50 $ pour assister à toutes les autres parties de la saison ! J’y pense. »

Depuis son entrée en MLS, l’Impact/CFM a maintenu les billets à des prix raisonnables. Pendant longtemps, c’était même le billet unitaire le moins cher de la ligue. Un peu par nécessité, c’est vrai. Le stade n’était pas toujours plein.

Là, pour une rare fois, l’équipe possède les billets les plus recherchés en ville.

Le CFM aurait pu exclure le match contre Miami de l’abonnement de saison et vendre tous les sièges à plus de 500 $. Il s’en est abstenu. Résultat : environ 80 % des billets du stade Saputo ont plutôt été vendus au même prix que ceux d’un match contre les Earthquakes de San Jose. C’est ce que j’appelle un geste de bonne volonté.

Un siège pour une partie du CFM n’est pas un bien essentiel. Le club n’a pas à accommoder les retardataires, de la même façon qu’Air Canada n’a pas l’obligation d’offrir des billets vers la Floride à 200 $, deux heures avant le décollage, un matin de la semaine de relâche.

Le CFMTL ne s’enrichit pas sur le dos de ses plus fidèles supporteurs. Ceux-ci ont été bien servis. Ce sont plutôt les amateurs occasionnels qui paieront le (très) gros prix, et les revendeurs qui se désoleront de voir le club inonder le marché de billets affichés aux mêmes prix que les leurs.