« Au moins, c’est clair dans notre esprit. » Pour Gabriel Gervais et le CF Montréal, c’est peut-être le seul aspect positif à retirer de l’annonce de l’indisponibilité du Stade olympique jusqu’en 2028 en raison de la rénovation du toit de l’enceinte.

Du moins à court terme.

« Ça fait des années, même avant que j’arrive en poste, qu’on parle de rénovations du Stade, de toiture, rappelle le président du CFM lors d’un entretien virtuel avec La Presse. Là, c’est confirmé. […] C’est sûr que pour nous, ça va être laborieux de toujours commencer la saison à l’étranger, mais ça fait partie de notre réalité. Ça va être une routine annuelle de démarrer la saison à l’extérieur. »

Soit. Mais l’un des objectifs du club, énoncé très clairement en début d’année, est de remporter le championnat canadien. Ce qui mène ultimement à une qualification en Coupe des champions de la CONCACAF. Tournoi qui commence en février, moment où le « Big O » et le stade Saputo seront tous les deux inaccessibles. Où jouerez-vous les matchs si vous y participez ?

« J’ai chargé notre équipe de chercher un plan de contingence », souligne Gervais.

Le club examine la possibilité de jouer ces matchs dans « des stades qui sont à proximité, disons, de la grande région de Montréal ». Gervais mentionne aussi l’option de jouer en terrain neutre, mais l’écarte aussitôt : « L’idée serait d’essayer de jouer plus près de notre domicile. »

Le stade Percival-Molson est-il mieux aménagé pour l’hiver que le stade Saputo ? Le président affirme que le domicile des équipes de McGill et des Alouettes « n’est pas une option ».

Dossier à suivre, donc. Tout comme celui de la « vision globale » entourant le Parc olympique, que le CFM attend avec impatience.

On veut comprendre comment les travaux du Stade olympique peuvent s’agencer avec une approche plus holistique de l’environnement autour des deux stades. Au Sommet de l’Est, ils ont annoncé un hôtel. Cet hôtel s’agence comment au reste du projet ? C’est ça qui nous intéresse particulièrement.

Gabriel Gervais, président du CFM

Gervais rappelle qu’aucun plan n’a été exposé à cet égard pour le moment. « J’imagine qu’ils vont nous le présenter en temps et lieu. »

On lui demande s’il est déçu qu’une annonce sur la rénovation du toit du Stade ait été faite sans qu’elle soit liée à une réfection des alentours des deux enceintes.

« Ce n’est pas une question d’être déçu ou pas déçu, répond-il. Nous, on est en mode : “OK, il y a une annonce qui a été faite, on réagit, on veut s’assurer de la meilleure expérience possible pour nos partisans.” Toute l’organisation est vraiment dans cet état d’esprit. »

Pour le club, il faut « bien comprendre l’échéancier des travaux » et à quoi ressemblera le chantier, et ainsi trouver une façon de « minimiser » l’impact du projet sur « la circulation autour du stade ».

« On n’a pas encore les détails, mais nous sommes en communication avec le Parc olympique, et il va y avoir des rencontres récurrentes. »

« On n’a absolument rien à se reprocher »

Les groupes de supporters 1642 MTL et le Collectif IMFC ont tous les deux dénoncé la rumeur voulant que le club vende des billets individuels pour le match du 11 mai, contre l’Inter Miami et Lionel Messi, dans leurs sections, au prix de 450 $. Il s’agirait là d’une hausse de 420 $ de plus que les 30 $ qu’il en coûte habituellement pour avoir sa place dans les tribunes. L’annonce officielle des prix sera faite vendredi matin.

Gabriel Gervais se dit « surpris » par la réaction des supporters.

« Si je regarde les faits, tels qu’ils sont, on n’a absolument rien à se reprocher dans la stratégie de mise en vente des billets de façon générale pour cette saison. »

Il détaille l’échéancier des derniers mois. La vente des abonnements pour 2024, annoncée en août, s’est mise en branle en septembre dernier. Puis elle a explosé avec l’annonce du calendrier à la fin de décembre. Ils se sont vendus comme des petits pains chauds jusqu’à atteindre le nombre maximal de 15 000 abonnements vendus le 18 janvier.

Tout le monde a eu la chance de se procurer un abonnement, qui est l’équivalent du prix moyen le plus bas pour tous les matchs. […] Dans les dernières années, on n’a presque pas augmenté le prix des abonnements. Je trouve qu’on a été très équitables et justes à travers le processus.

Gabriel Gervais

Ensuite sont venus les forfaits de six matchs, qui ont aussi tous trouvé preneur. Pendant cette période, souligne Gervais, le club a divulgué publiquement l’évolution de la vente des abonnements.

Il insiste : « Je respecte beaucoup l’opinion de nos supporters, ce sont des partenaires importants pour nous, on a de très bonnes relations avec tous les groupes. »

Et si certains partisans vêtus du rose floridien se retrouvent chez les plus fervents partisans du Bleu-blanc-noir, il assure que « la sécurité sera la priorité ». « Si on voit qu’il y a de l’hostilité, on ne va pas hésiter à déplacer des gens. Mais c’est sûr que dans nos sections supporters, ce sont nos supporters, nos couleurs, et beaucoup d’ambiance. C’est ce qui est encouragé. »

Objectifs et philosophie

Maintenant que tout cela est dit, une réalité s’impose : le stade Saputo devrait être le plus souvent plein durant la saison. Comment s’assurer que ces nouveaux partisans viennent, restent et désirent se réabonner en 2025 ?

« C’est sûr que le produit sur le terrain est très important, affirme Gervais, rappelant les performances à domicile et l’affluence intéressante au stade Saputo l’été dernier. […] Il y a aussi tout ce qui se passe dans les coursives, la nourriture, l’animation. »

Mais au-delà de tout ça, au chapitre sportif, le club assure qu’il n’a pas dérivé de sa trajectoire.

On ne va pas dévier de notre philosophie. Elle est basée sur la jeunesse, sur l’académie, sur la saveur locale, sur la vente de joueurs, et sur la performance aussi.

Gabriel Gervais

Il rappelle les objectifs sportifs : outre le championnat canadien, le CFM veut se qualifier pour les séries et aspirer à la Coupe MLS.

« Maintenant, oui, certains changements sont arrivés dans l’entre-saison. Je dirais qu’on est venus combler certaines lacunes, surtout à l’offensive. »

Il mentionne avoir toujours avancé, depuis la conférence de presse annonçant son embauche à titre de président, que si l’occasion se présentait d’aller chercher un joueur d’envergure qui permettrait « d’optimiser le projet sportif », il le ferait.

Josef Martínez, dit Gervais, « voulait venir ici et faire partie » de celui-ci.

« On espère que les gens vont s’attacher à lui, comme à Matías Coccaro, qui a une personnalité vraiment unique. »

Gervais donne un exemple concret pour prouver que la philosophie ne change pas cette année.

« Ce que les gens ne réalisent peut-être pas, c’est qu’en [Bryce] Duke, [Kwadwo] Opoku, [Fernando] Álvarez et [George] Campbell, des jeunes joueurs qu’on est allés chercher l’an passé, on a investi énormément d’argent. Plus d’argent en 2023 qu’en 2022. »

2022 qui a été, doit-on le rappeler, l’année de tous les records.

« Extrêmement fébrile »

Comme plusieurs des acteurs du CFM dans cet entre-saison, Gabriel Gervais parle d’une « courbe d’apprentissage » importante sur le plan sportif cette année.

Avec le nouvel entraîneur-chef et les arrivées dans l’effectif, « ça va prendre un certain temps pour que toute l’équipe soit sur la même longueur d’onde ».

Mais il concède que la campagne 2024, qui s’amorce samedi à Orlando, sera une saison importante « dans plusieurs sens », dont les aspects « commerciaux, financiers et sportifs ».

Pour l’ancien défenseur de l’Impact, les partenariats conclus avec Chevrolet et Air Transat, jumelés à « d’autres annonces à venir », constituent autant de facteurs qui contribuent à un « élan positif » pour le CFM.

Les 15 000 abonnements ont un impact dans la perception du public, mais dans la communauté des affaires, soit le proverbial Québec inc., ces associations ont une grande résonance, estime le club.

« Je suis extrêmement fébrile pour cette saison. »

Les succès de Bologne, quel impact pour l’Impact ?

De l’autre côté de l’Atlantique, Joey Saputo – et peut-être par ricochet les partisans du CFM – a d’autres raisons de se réjouir. L’équipe sœur de l’Impact, Bologne, pointe au cinquième rang du classement de la Serie A, à égalité au chapitre des points avec Atalanta au quatrième rang.

Mais encore ? C’est que les quatre premiers du championnat italien se qualifient pour la Ligue des champions européenne l’année prochaine. Ce qui signifie une belle cagnotte pour les clubs y participant et une visibilité exponentiellement accrue.

Quel impact une telle participation à la compétition de club la plus prestigieuse au monde pourrait-elle avoir sur le CF Montréal, ici ?

« Nous, on le regarde d’un point de vue philosophique, d’un point de vue des meilleures pratiques, indique Gabriel Gervais. Et aussi pour l’échange potentiel de joueurs. »

Il explique que Bologne existe depuis 1909 et évolue dans un championnat « à un autre niveau » en comparaison de la MLS.

« On peut bénéficier de leur expertise. On a des entraîneurs, des préparateurs physiques qui étaient à Bologne et qui sont maintenant ici. On a eu des joueurs de passage à Bologne. Lappalainen, Corbo, Breza, et maintenant Joaquín Sosa en prêt avec nous. »

Certains académiciens ont aussi fait des stages là-bas, ponctuellement.

« C’est vraiment cette collaboration et ce partage de connaissances » qui importent au CF Montréal, affirme Gabriel Gervais.